De la chute du mari de Sandra (Sandra Hüller) du balcon de leur chalet, personne n'a rien entendu. Samuel (Samuel Theis) s'est écrasé dans la neige pendant que leur fils Daniel (l'étonnant Milo Machado Graner) promenait le chien alentour. Musicien de métier, l'homme avait poussé la sono à fond, aussi sa femme n'a-t-elle rien remarqué non plus. Sommaire. Un couple, des faits. Ne plus rien voir : entretien avec Justine Triet.

"Anatomie d'une chute", s'ouvre par une séquence d'interview catastrophique. Il est donc troublant de s'installer face à Justine Triet, à Paris, quelques jours après son retour du Festival de Cannes. Réalisatrice de "La Bataille de Solférino" (2013), "Victoria" (2016) et "Sybille" (2019), nous la rencontrons pour la première fois. Et c'est ici, dans cet appartement, que le scénario de son quatrième long métrage a germé. Dans le salon, s'attardent des valises pas encore défaites et une maison de poupée qui pourrait bien être un petit chalet, une volée de marches monte vers l'étage.

Palme d’or à Cannes, Anatomie d’une chute, formidable quatrième long-métrage de Justine Triet, met en question la réalité des faits via un procès intenté à une femme accusée du meurtre de son mari.

Justine Triet a triomphé à Cannes avec cette histoire d'une femme accusée de la mort de son mari. La cinéaste nous dévoile les secrets de fabrication de ce film de procès qui renouvelle le genre.

Suite à la mort suspecte de son mari, retrouvé sans vie au pied de leur chalet isolé en pleine montagne, une écrivaine reconnue se retrouve accusée de meurtre. Sous couvert de mettre au jour la vérité, son procès, auquel assiste leur fils malvoyant de 11 ans, devient rapidement une plongée brute et quasiment chirurgicale dans la relation intime du couple, dont tous les secrets sont étalés au grand jour.

Après "Victoria", son duo avec la réalisatrice Justine Triet fait de nouveau mouche avec "Sibyl", découvert en compétition au Festival de Cannes. Retour avec la comédienne sur cette période euphorique où elle se balade sur des terrains de plus en plus variés avec une aisance jamais prise en défaut.

Justine Triet nous avait confié son admiration pour David Cronenberg. A l'occasion de leur présence en décembre au festival de Marrakech et de la sortie des Linceuls, nous avons organisé leur rencontre. Dans un long dialogue aussi précis qu'une leçon de cinéma, les deux cinéastes échangent sur des souvenirs de tournage, des méthodes de fabrication, leur passion des comédien-nes, l'Amérique de Bush à Trump et leur perception de ce qui fait la grâce particulière du cinéma.