A lui seul, le continent antarctique stocke, dans l'épaisse calotte glaciaire qui le recouvre, 90 % d'eau douce disponible à la surface de la Terre. Haute latitude oblige, cette eau est surtout présente à l'état solide. Mais la glace, au pôle Sud comme au pôle Nord, est une victime de choix pour le réchauffement global de l'atmosphère. Non seulement celle des glaciers, mais aussi la glace de mer, qui constitue la fameuse banquise. En été, celle-se réduit comme peau de de chagrin, avec des effets immédiats sur le climat de la planète.

Responsables du changement climatique, les nations industrialisées sont-elles condamnées à l'impuissance ? En Antarctique, élevée au rang de terre de science par un un valeureux traité de 1959, elles ont mis en dormance leurs pulsions de possession. Sur ce modèle, sanctuariser une partie des océans en créant des aires marines protégées fait partie des belles idées à pousser en avant. Mais en Arctique, la disparition annoncée de la banquise l'été bouleverse la donne géostratégique, et chaque Etat riverain affûte ses ambitions.

Nastassja Martin a passé huit ans chez les Évènes, peuple vivant au nord de l'Extrême-Orient russe, et en a tiré "À l'est des rêves", le récit passionnant des possibles que dessinent ces vies, de ces autres manières d'habiter le monde. Fan de son travail, l'écrivaine et musicienne Blandine Rinkel, qui s'intéresse au sauvage et vient de signer le roman "Vers la violence", a rencontré l'anthropologue pour nous.

Si la Chine se situe loin des pôles, elle veut devenir une puissance incontournable en Arctique comme en Antarctique, et cherche à légitimer sa participation à la gestion de ces territoires. Son intérêt pour le continent austral remonte aux années 1980, mais cela ne fait que quelques années qu'elle tourne son regard vers le Grand Nord. Pékin a ainsi déposé une demande d'admission comme observateur au Conseil de l'Arctique en 2007, acceptée en 2013, et a publié sa « politique arctique » en 2018. Les cartes chinoises en disent long sur ces ambitions.

La première fois que nous évoquions le réchauffement climatique, c'était il y a trente ans... La dernière fois, l'année dernière. Ce qui a changé ? Rien, presque. Tout. La voie semble ouverte à une exploitation industrielle de l'Arctique, même si la plupart des projets est encore dans les cartons. Les populations, les glaces changent, changent vite : et pourtant, l'Arctique demeure encore en grande partie égal à lui-même. Nombre de ses étendues sont moins fréquentées aujourd'hui qu'elles ne l'étaient il y a quarante ans, et les paysages conservent intacte leur force primitive.

Entre vestiges polluants de la guerre froide, convoitises énergétiques ou stratégiques et, bien sûr, réchauffement climatique, sommes-nous en train de perdre le Nord ? Et ses habitants, humains et non humains, ne l’ont-ils pas déjà perdu ? L’ initiative bouffonne du président Trump, acquéreur potentiel du Groenland, a fait rire, mais d’un rire grinçant : elle illustre trop bien la réduction du monde arctique au statut de marchandise. Sommaire. Perdre le Nord ? Passions polaires, présentation. Voyages réels et imaginaires en Asie du Nord. La Mishna du Pôle Nord et la Femme aux Métaux.

L’ours polaire et l’homme, aux ressemblances morphologiques frappantes, se partagent les mêmes territoires depuis la préhistoire. Cette proximité a fortement imprégné la culture et les mythes inuit. Mais pas que. Sommaire. L'autre de l'homme ? L'ours en majesté. L'ours dans la peau. L'éternel errant.

A six fuseaux horaires de Moscou, près du delta de la Lena, au fond d'une baie prise par les glaces dix mois par an, la ville de Tiksi, fondée en 1933, a longtemps été un port d'escale sur la route maritime du Nord Evgenia Arbugaeva, aujourd'hui photographe, est née en 1985 dans cette localité du front pionnier soviétique et y a passé une partie de son enfance.