Éradiquer les violences sexistes et sexuelles, refuser les discriminations, s'accorder sur le consentement... La nouvelle génération formée au sein des écoles de théâtre et de cinéma repense son apprentissage. Reportage au Théâtre national de Strasbourg et au Conservatoire de Paris.

Voilà cinq ans que #MeToo permet aux victimes de violences sexuelles de partager leurs récits. Si elles n'obtiennent pas toujours gain de cause face à la justice, certaines trouvent une forme de réparation dans les liens qu'elles nouent avec les autres victimes de leur agresseur. Celles qui découvrent ce statut de « covictime » voient leur vie basculer. Qu'il s'agisse d'affaires médiatisées - PPDA, Matzneff, Léo Grasset - ou pas, beaucoup racontent la naissance d'un prodigieux lien de sororité.

Derrière l'"affaire Ibrahim Maalouf", ce procès pour agression sexuelle (supposée) intenté au trompettiste, il y a d'abord le mensonge d'une jeune fille de 14 ans. Mais il y a aussi un emballement médiatique, la fièvre du mouvement #MeToo entraînant l'opprobre puis l'omerta. Définitivement mis hors de cause par la justice, cet artiste renaît peu à peu et livre ici le récit de son passage en enfer.

Depuis quatre ans, elle est l'avocate de dizaines de comédiennes victimes de violences sexuelles, dans un milieu, le théâtre, où l'omerta a longtemps régné. Discrète, Anne Lassalle a été propulsée sur la scène médiatique fin novembre : l'une des plaignantes contre Sofiane Bennacer, l'acteur principal du film 'les Amandiers", mis en examen pour viols, est sa cliente.

Polémiques au Festival d'Angoulême autour de Bastien Vivès, accusations de viol visant Gérald Darmanin : la danseuse et cinéaste césarisée Andréa Bescond donne de l'écho à presque tous les dossiers médiatiques de violences sexuelles. Quitte à faire peu de cas de la présomption d'innocence. La sphère néoféministe a-t-elle trouvé une nouvelle porte-parole ?

Mis en examen pour avoir organisé des viols commis sur sa propre femme, Dominique P. est à présent soupçonné d'un meurtre remontant aux années 1990. Le profil d'un prédateur sexuel se dessine tandis que les enquêteurs semblent avoir manqué plusieurs occasions de l'interpeller.

Jacques Rançon, qui a sévi à Perpignan et dans la Somme, intéresse toujours la justice. Les enquêteurs cherchent à savoir s'il a pu commettre d'autres crimes. L'affaire Sophie Barca, survenue en 1985, devrait probablement être placée en haut de la pile des vérifications.

L'ancien consultant star de Canal+ sera jugé le 8 mars 2023 pour agression sexuelle. Au-delà de ses démêlés avec la justice, le journaliste, toujours suivi par 2,5 millions d'abonnés sur Twitter, se cramponne à un monde où sa gouaille et sa muflerie ne faisaient pas l'objet d'un débat de société.

Vingt ans après le fiasco d'Outreau, l'un des acquittés est à nouveau jugé, cette fois pour des violences sexuelles. L'audience sera suivie par une partie de la magistrature qui n'a jamais accepté d'être remise en cause et estime que certains innocents ne l'étaient pas.

Ils ont fait de la lutte contre la pédocriminalité leur cheval de bataille, croient voir des cercles de personnalités haut placées à l'oeuvre et crient à l'omerta si leurs thèses ne trouvent pas d'écho dans les médias. De Karl Zéro à Zoé Sagan en passant par Florian Philippot, cette mouvance très active sur les réseaux sociaux peut aussi faire du mal à la véritable lutte contre les violences sexuelles.