Avec le polar, le roman policier français se fait plus engagé, proche du documentaire, dans la mesure où il ausculte des marges de la société. La reviviscence du récit par le biais de l’enquête participe certainement de son succès, la possibilité de raconter une histoire étant, depuis le Nouveau Roman, une préoccupation majeure de la littérature française.

L'histoire de la littérature a régulièrement été la cible des écrivains. Dans la controverse avec Raymond Picard sur la bonne manière de lire Racine, c'est la rigidité des méthodes de lecture instituées que Roland Barthes mettait en question. Lors de l'affaire des manuels du début des années 1920, on reprochait aux universitaires d'être incapables d'apprécier la valeur réelle des écrivains, en préférant par exemple l’inspecteur général de l’Instruction publique, le bien nommé Eugène Manuel, à Baudelaire ou à Rimbaud...

Après avoir connu une fortune éclatante dans l'histoire littéraire occidentale, les naufrages, les coups de foudre et les tremblements de terre se raréfient abruptement au cours du XVIIe siècle. Les signes verticaux par lesquels le destin s'imposait de l'extérieur dans la trame horizontale de l'intrigue ne sont plus de saison. Ce développement est intimement lié à un changement profond dans la conception du hasard, évoqué par le sous-titre du livre de John D.

J'ai lu ce livre en mars 2014, au moment de sa sortie, voici trois ans et demi. Il ne cesse de revenir me troubler, comme si Thibaut Blondel était allé chercher la Littérature à l'autre bout du monde, tandis que je cherchais l'autre bout du monde dans la Littérature. Deux faces d'une même pièce...

Hubert Lucot : une présence gaie, sonore, toujours insolite, un oeil bleu vif qui cernait son interlocuteur tout en gardant on ne sait quelle gaminerie. Une manière nette, droite, affinnée d'être. Une autonomie et une fantaisie dans l'art d'exister, qui le rendait disponible à l'infime, au cocasse, à la saveur de l'instant. Il nous reste à le reconnaître pour ce qu'il fut : un des écrivains les plus innovants de son temps.

L'été 2017, à la Bibliothèque universitaire de Darmstadt, une exposition était consacrée à Emmanuel Bove (1898-1945). Intitulée «Wer war Emmanuel Bove ?» (Qui était Emmanuel Bove ?), elle semblait, au travers de lettres, photos et manuscrits, vouloir à la fois le présenter à ceux qui ne le connaissent pas et montrer à ceux qui le connaissent qu'il a le charme des fantômes. Car l'ironie un peu bête qui gâche depuis quarante ans la redécouverte de Bove tient à ce qu'elle entretient en même temps l'oubli et le mystère, comme s'ils devaient persister pour qu'on continue à parler de lui.