Des personnages de réprouvés dans un Royaume-Uni livré à l'ultralibéralisme, des acteurs inconnus issus de la classe ouvrière, une esthétique au plus proche du réel... Depuis les années 1960, la patte du plus contestataire des cinéastes est reconnaissable entre toutes.

Nos lecteurs ne seront pas surpris de découvrir ce dossier sur Andrzej Wajda, un metteur en scène qui débuta deux ans après la naissance de cette revue et que nous n'avons cessé d'accompagner pendant les soixante ans de son activité cinématographique. De plus, les médias français, toujours attentifs à la mode, n'ont guère traité comme il se devait la mort, le 9 octobre 2016, de ce grand artiste, certaines nécrologies n'étant guère plus longues que celles consacrées à la disparition de Zsa Zsa Gabor.

Brillant documentariste révélé par "Le Génie helvétique" (2003), sorte de thriller tourné devant la porte fermée d'une commission parlementaire sur le génie génétique, Jean-Stéphane Bron a ensuite marqué les esprits notamment par la « reconstitution » du procès "Cleveland contre Wall Street" (2010). Après un portrait politique du « Le Pen suisse », "L'Expérience Blocher" (2013), il propose aujourd'hui un opus majeur avec "L'Opéra", sur une institution culturelle vue des coulisses, comme par un trou de souris indiscrète : un monde que filme le cinéaste en même temps qu'il le découvre.

A la rubrique "Cinéma oublié", Olivier Curchod remet au goût du jour "La Grande Espérance", un film ignoré de Jean Becker, sorti en 1938.

Ce dossier se veut l'écho de l'exposition à la Petite Galerie du Louvre, et d'un cycle de projections, consacré au théâtre antique et à Shakespeare au cinéma (voir notre dossier du no 670), avec lequel nous sommes partenaires. Jean-Marie Straub et Jean-Luc Godard, avec leurs variations autour d'"Antigone" de Sophocle et du "Roi Lear", entrent ainsi une nouvelle fois au musée.

Mi-septembre 2017, de retour du festival de Telluride, aux Etats-Unis, Mohammad Rasoulof a été retenu deux heures à l'aéroport de Téhéran. Il s'est vu confisquer son passeport, avant d'être convoqué sans la moindre explication devant le parquet chargé des médias et de la culture. A tout moment, nous rappelle l'entretien réalisé au festival de Cannes avant qu'"Un homme intègre" ne reçoive le prix Un certain regard 2017, sa condamnation à un an de prison après la sortie du film "Au revoir" peut le conduire derrière les barreaux.

C'est une histoire vieille comme le monde, que celle de l'affrontement sans fin entre deux familles, deux tribus, deux nations rivales : les Capulet contre les Montaigu, les sudistes contre les nordistes, les sunnites contre les chiites, les chiraquiens contre les balladuriens... Ici, les Longeverne contre les Velrans. Les parents de ces deux villages se sont toujours empoignés et, tribalisme oblige, les enfants ont repris le flambeau et l'épée. Après l'école, "tous à la Sablière !" Et les coups pleuvent.

Au cours des années qui suivirent l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, en 1974, la censure connut une vacance de près de deux ans, jusqu'à la promulgation de la classification X. Deux films de Borowczyk ont marqué ces années-là : "Contes immoraux" (1974) et "La Bête" (1975). Dans certains cinémas d'art et d'essai qui pensaient sans doute accompagner la rupture des digues morales en consacrant une salle au porno, les films de Borowczyk étaient programmés tantôt dans la salle classée, tantôt dans celle dévolue au vice.

De Montpellier à Paris en passant par Toulouse et Bordeaux, étudiants et enseignants se sont mobilisés contre la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants), alias Parcoursup, alias la sélection à l'université. Sommaire. Pas sage comme une image : la mobilisation à l'université Paul-Valéry de Montpellier. Parcoursup : f for fake. Toulouse, Bordeaux : la parole aux étudiants.

Huit ans après avoir évoqué le souvenir traumatique de la guerre du Liban de 1982 dans "Lebanon" (Lion d'or à la Mostra de Venise en 2009), Samuel Maoz explore, dans "Foxtrot" (Lion d'argent 2017), le hors-champ quotidien de la guerre, pour en révéler la dimension tragique et absurde. Dans ces deux longs métrages, le réalisateur israélien parvient à ancrer un fort sentiment de réel (la claustration, l'attente, l'absence de signification des manoeuvres accomplies, le souci du détail saisissant) dans une atmosphère qui glisse vers l'onirisme.

En prenant le pouvoir en novembre 1987, le général Zine El-Abidine Ben Ali donne un peu d'air à un pays embourbé dans l'interminable fin de règne de Habib Bourguiba. S'il promet le changement et l'ouverture politique, le nouvel homme fort de la Tunisie impose très vite à son peuple une dictature inflexible. Ni le renforcement des droits des femmes ni les succès économiques n'en allégeront la poigne d'airain. Sommaire. Une privation continue de libertés. Un coup d'Etat médical. Silence les médias, on réprime ! Les femmes tunisiennes, un bien commode alibi. Un cinéma novateur.