Tout au long de leur carrière, les frères Dardenne ont réussi un exploit qui définit, en grand partie, leur art. Ils ont traité souvent de thèmes sociaux, voire politiques, en tout cas presque idéologiques, tout en évitant constamment le piège du film à thème. "Rosetta" est un film sur Rosetta, bien davantage qu’une oeuvre à thèse sur la précarité sociale.

Lucas Belvaux est un cinéaste que nous suivons avec attention depuis ses débuts et c'est peu dire que nous ne sommes jamais déçus. D'abord parce qu'il pose sur la société française un regard panoramique qui met en lumière toutes ses fêlures, sociales, politiques, intimes. Il appuie là où ça fait mal, renouant sous une forme différente avec une sorte de pathos dont le cinéma français fait depuis l'avènement du réalisme poétique d'avant-guerre l'un de ses points d'ancrage.

"L’Homme de la cave" nous entraîne sur les rives d’un cinéma où nous ne nous sentons pas franchement à l’aise, et le personnage autour duquel tourne toute l’histoire, cet homme de la cave, n’est pas de ceux auxquels nous pouvons facilement nous identifier. Parce qu’il apparaît très rapidement comme étant un chantre du négationnisme, il est de ceux qui nient ou minimisent l’Holocauste. Apparemment dans un but de vérité historique, en réalité bien sûr pour des raisons de haine raciale. Un thème qui sent le soufre et que le cinéma n’aborde que du bout des doigts.

"Les Héroïques" est avant tout le portrait d'un homme qui, parvenu à la cinquantaine, doit bien se rendre à l'évidence : pour avoir voulu vivre à l'écart des normes sociales habituelles, il s'est fourvoyé dans une impasse quasi-totale. Ancien junkie (en situation de replonger à tout moment), sans formation ni boulot, vivant dans un gourbi, père de famille d'un fils de dix-huit ans qui ne pense qu'à prendre le large, en charge d'un bébé dont la mère s'est tirée, notre homme n'a rien d'autre que sa bonne volonté en bandoulière pour braver le gros temps.

Les amateurs de SF rêvent d'apercevoir, un jour dans le ciel, un OVNI, l'un de ces Objets Volants Non Identifiés (UFO en anglais) qui peuplent leur imaginaire romanesque. Les cinéphiles se régalent quant à eux de croiser de façon régulière ces OFNI (Objets Filmiques Non Identifiés) qui épicent et donnent toute sa saveur à la production cinématographique.

Avec un Ours d'or berlinois, un prix lors du dernier Festival de Cannes, et même un remake hollywoodien de l'un de ses films, il est évident que Nadav Lapid est aujourd'hui un membre confirmé du fameux cercle fermé des auteurs internationaux. Il est tout aussi évident qu'il est le plus célèbre, le meilleur représentant (il n'est pas vraiment, et ne le souhaite sans doute pas, un chef de file) de la nouvelle génération des auteurs de son pays.

Douze ans que nous n'avions pas proposé un numéro Fellini. C'était un numéro consacré à "La Dolce Vita", avant notre passage à la couleur, avant la nouvelle formule de "L'Avant Scène Cinéma". A quelques mois du centenaire de sa naissance, nous abordons un film "tardif", son "Ginger & Fred", son procès à la maléfique télévision. L'homme vieillissant vitupère la vulgarité des temps nouveaux parce qu'il souffre de la fuite du temps. Sa tristesse l'aveugle. Ce n'est pourtant pas ainsi que Fellini regardait l'Italie de 1986.

Avec "Les 2 Alfred", Bruno Podalydès consolide un style et une œuvre épris de fantaisie et de sens du rythme, de dialogues savoureux et de gags potaches . C'est aussi une comédie sentimentale pleine de talent. Le film synthétise enfin des tendances fortes de la comédie contemporaine à la française. Après "Effacer l'historique" de Benoît Delépine et Gustave Kervern (voir no 715, p. 22), puis "Adieu les cons" d'Albert Dupontel (voir no 716, p.

Gêne, embarras, malaise : pour les comédies françaises de 2020, la honte est sans doute la chose du monde néolibéral la mieux partagée.

Quatre longs métrages et, aujourd'hui, cinq autres regroupés sous le titre "Small Axe" et cinq entretiens avec notre revue. C'est dire l'importance que nous accordons à l'oeuvre de Steve McQueen depuis la découverte éblouie de "Hunger", Caméra d'or au Festival de Cannes en 2008. Il aurait dû faire son grand retour sur la Croisette en 2020 avec la sélection de "Mangrove" et "Lovers Rock", deux parties de "Small Axe".

Du 9 au 13 juin 2021, le Festival Cinélatino consacre à Toulouse un cycle de six longs métrages à la documentariste brésilo-néerlandaise Maria Augusta Ramos, en sa présence.

Le critique, professeur et programmateur Victor Guimaràes est le cofondateur de la revue brésilienne "Revis ta Cinética"; il a écrit pour diverses revues internationales ("Con Los Ojos Abiertos", "Senses of Cinema", "Desisrfilm", "La Vida Util", "Lafuga", "La Furia Umana"). Il se penche ici sur l'importance des films de Pedro Costa dans la représentation de la misère, en le rapprochant notamment de "l'esthétique de la faim" définie par Glauber Rocha - question esthétique et politique centrale du cinéma d'Amérique latine.