Contrairement aux déclarations officielles le Premier ministre a eu peur. Et malgré sa victoire sur les syndicats, les manifestations, souvent sous-évaluées, l'incitent désormais à la prudence.

La société civile se laisse guider par la peur. L'Etat, qui a été le principal agent de modernisation de la France, se replie sur la défensive. Comment repenser son rôle ?

Première victime, en cas de refus, Sarkozy bien sûr qu'on accusera d'avoir fait prendre des risques au gouvernement. Deuxième victime, Raffarin qui compte sur les référendums locaux pour imposer la décentralisation. La troisième pourrait bien être la Corse, et les Corses eux-mêmes, qui apparaîtraient rétifs à toutes les médecines.

Il en a trop fait. On loue partout l'énergie du ministre de l'intérieur. Cette fois, elle s'est retournée contre lui : le "Sarkozy show" a indisposé les électeurs corses.

Des centaines de milliers de fonctionnaires, d'enseignants, d'agents des services publics et d'intermittents ont fait grève pendant de longues semaines. Pour rien ou presque. Dans quel état d'esprit aborderont-ils la rentrée ? Martine Gilson a enquêté auprès de spécialistes du mouvement social.

La droite perd aux élections régionales ? Rien d'étonnant, selon le secrétaire général de la CFDT : sa politique de l'emploi est un véritable échec. Très en colère, le leader de la première centrale syndicale française annonce, pour "le Nouvel Observateur", sa stratégie concernant les réformes à venir.

La curée anti-Raffarin dépasse désormais sa personne. Et la grogne contre son maintien à Matignon commence à éclabousser Chirac lui-même.

Un Raffarin III hors jeu, une droite déboussolée, un président enfermé... Deux ans après son plébiscite, Jacques Chirac se retrouve seul. Et le bien tardif "je vous ai compris" qu'il lance aux Français n'a plus qu'un objectif : éviter la colère de la rue. Retour sur une semaine folle.

Juppé, Raffarin, Monod : les députés chiraquiens n'en finissent plus de brûler leurs idoles. Mais leur grogne va plus loin : c'est Chirac lui-même qui est désormais visé.

De l'énergie à revendre, des messages simples et surtout beaucoup de mouvement... Sa méthode est la même aux Finances qu'à l'Intérieur. Mais la nervosité qu'il affiche prouve qu'il réalise que cette fois sa tâche - relever les finances de la France - est d'une autre ampleur. Et si "on" l'avait investi d'une mission impossible ?

Une opposition dominante pour les nationalistes dans la prochaine Assemblée territoriale ? Pourquoi pas ? Mais cela suppose que l'unité se sera faite sur le problème de la violence.

Croissance en berne, budget impossible, crise agricole, trou de la Sécu, licenciements, grogne des fonctionnaires, amertume des profs, fronde des intermittents, terrorisme corse, et par-dessus tout, une catastrophe humanitaire qui révèle l'urgence d'un plan Marshall pour le quatrième âge : rarement un Premier ministre aura dû affronter tant d'épreuves à la fois.