En septembre 2018, une délégation de Changements pour l'égalité (CGé) accompagnée par des journalistes et chercheurs est partie rencontrer des acteurs des systèmes scolaires flamands, hollandais, suédois et finlandais afin de doter de regards extérieurs sur notre actualité éducative. Le fil du séjour a été décrit dans l'étude CGé 2018 Carnet de voyage, le Pacte d'excellence vu d'ailleurs.

Il y a la réalité... et la perception que nous en avons. Ainsi, alors que les inégalités explosent depuis 30 ans, les enquêtes montrent que les individus les sous-estiment systématiquement. Une étrange "cécité" qui trouve son origine dans notre cerveau : des biais cognitifs nous empêchent de regarder la réalité en face. Ce qui, in fine, la renforce...

Depuis la fin des années 1970, l'espérance de vie des hommes de 35 ans a augmenté de 7 ans et celle des femmes de 5,5 ans. Si l'ensemble des catégories sociales a profité de ce progrès, les écarts entre les cadres et les ouvriers sont néanmoins restés inchangés. Les premiers vivent toujours 6 ans de plus que les seconds. D'après l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), l'écart d'espérance de vie à 35 ans entre les diplômés du supérieur et les non-diplômés est de 7,5 ans pour les hommes et de 4 ans pour les femmes.

Dans son livre "La Préférence pour l'inégalité", François Dubet pose l'hypothèse qu'il faut, pour désirer l'égalité, qu'existent des formes de solidarité de fait. Pour que l'objectif d'égalité, qui exige des sacrifices, soit acceptable, il faut être lié par un sentiment de solidarité. Or cette solidarité suppose une représentation commune qui manque aujourd'hui, ce qui fragilise le projet d'égalité.