L'Association des professeurs d'histoire et de géographie célèbre ses 100 ans à travers un grand colloque à l'Assemblée nationale. C'est au début du XXe siècle que les enseignants d'histoire commencent à former un corps. Grâce aux réformes des années 1880, ils possèdent une formation spécifique, contribuent à former au lycée les futures élites de la nation. Les défis aujourd'hui sont d'un tout autre ordre.

Des élèves chahutant pendant le cours sur la Shoah ou refusant d'étudier Voltaire : de telles histoires circulent depuis quelques années. Pourtant aucune étude systématique du phénomène n'avait été réalisée.

L'Histoire est une passion française. Et son enseignement est source d'innombrables polémiques. Qu'en est-il aujourd'hui dans les écoles, collèges et lycées de l'histoire de France ?

En France, l'enseignement de l'histoire a toujours déchaîné les passions. Les programmes seraient-ils un support d'une vaste propagande politique ? Un petit tour dans les processus de fabrication montre que l'affaire est plus compliquée.

Votre soutien ne faiblit pas. Vos contributions au débat, que ce soit sur notre site, historia.fr, ou par votre abondant courrier, montrent à quel point vous êtes attachés à l'Histoire. Et que vous partagez avec nous les inquiétudes sur la façn dont elle est traitée, tant dans les discours réducteurs, voire simplistes, des politiques que dans le contenu des nouveaux programmes scolaires.

Le sort réservé à l'Histoire dans notre pays est inquiétant. Et dangereux : couper un peuple de sa mémoire a toujours conduit au désastre. Et nous y allons tout droit. Voici pourquoi.

Nous avons sollicité des auteurs que leur attachement ou leur action pour l'Histoire rendaient légitimes. Nous leur avons demandé de réagir à notre campagne pour défendre une mémoire de plus en plus malmenée. Nous avons laissé à ces contributeurs de renom le soin de choisir librement le thème de leur intervention. Et nous n'avons fixé aucune limitation de longueur pour ces textes. Nous les publions donc in extenso. Le résultat va bien au-delà de nos attentes. A commencer par la hauteur de vue de ces cris du coeur si magnifiquement argumentés.

Depuis plusieurs années, son enseignement se dégrade, tant au collège qu'au lycée. Les récentes mesures risquent de lui donner le coup de grâce.

La justice et signataire de l'appel "Liberté pour l'histoire" et la députée qui a fait voter la loi, qui porte son nom, sur la traite négrière et l'esclavage débattent des "lois mémorielles".

Pour n'avoir consulté personne, pas même Simone Veil, Nicolas Sarkozy a dû renoncer à sa proposition de confier à chaque enfant de CM2 la mémoire d'un enfant juif victime de la Shoah.

L'enseignement de l'histoire à l'école fut longtemps lié à celui de l'identité nationale. Après la contestation de l'histoire événementielle par celle de "la longue durée" défendue par l'Ecole des annales, l'enseignement semble aujourd'hui coupé d'une recherche en pleine recomposition.

En histoire comme en philosophie, la France a sa manière. Cette discipline ne va, en effet, pas sans la géographie, en vraie seconde il est vrai. Grande nouveauté, l'entrée de l'Europe, voire de la mondialisation, dans une matière où la France, comme sujet, se taille encore la plus belle part.