Pour mettre un terme à son affrontement avec le parlement, le président russe s'est lancé dans une aventure extraconstitutionnelle dont l'issue est incertaine et dont les risques sont immenses.

Tandis qu'à Moscou se déroule une bataille tumultueuse entre le président russe et le parlement, de lointaines Républiques, y compris la riche Sibérie, écoeurées par la corruption généralisée, menacent de faire sécession.

En refusant le compromis que Boris Eltsine avait accepté et en s'obstinant à vouloir obtenir sa destitution, les députés du peuple ont tout perdu, laissant le président maître du terrain. Le clivage qui divise maintenant la société politique devient de plus en plus dangereux.

Boris Elstine a dû faire plusieurs concessions à des adversaires dans la bataille qui l'oppose au Parlement russe, notamment sur les questions monétaires. Première victime : la Constitution russe.

Eltsine a trouvé les responsables de la vie chère et de la montée de la criminalité : les "culs noirs" caucasiens. Plus de 14 000 d'entre eux viennent d'être arrêtés et expulsés. Dans l'indifférence et le silence de l'Occident.

Pendant une journée, l'emblème de l'ancien régime communiste a reconquis la rue, et la peur est revenue. Ce sont les militaires russes qui ont écrasé les insurgés, et il reste à savoir quel prix ils en demanderont à Boris Eltsine.

Pour sortir la Russie de l'impasse politique, la Cour suprême propose une "option zéro" : des élections parlementaires et présidentielles simultanées. Le rejet de cette solution pourrait entraîner un éclatement de la Fédération russe.

En l'absence de véritables partis, la vie politique russe se résume à des attaques personnelles, chacun accusant l'adversaire de malversations et de corruption, tout en liquidant le patrimoine national.

La composition du nouveau Parlement russe traduit un net désaveu de la politique suivie depuis deux ans par l'équipe au pouvoir et comporte en germe un nouveau conflit entre l'exécutif et le législatif.

Dans trois semaines, les Russes vont voter pour une loi constitutionnelle taillée sur mesure pour Eltsine : elle est de facture si présidentielle qu'on n'en trouve pas d'équivalent dans les démocraties occidentales.

Le président russe a décidé de lancer une offensive contre les "nouveaux milliardaires", accusés d'avoir bâti leur fortune aux dépens de l'Etat... Mais certains se demandent si cette remise en ordre n'est pas le prélude à l'instauration d'un régime encore autoritaire.

Poursuivi par la justice pour évasion fiscale et exportation illégale de capitaux, le pétrolier milliardaire Mikhaïl Khodorkovski, qui vient d'être arrêté, paie peut-être aussi sa décision de financer les adversaires politiques du président.