La hausse des prix des trithérapies anti-VIH impose de redéfinir les règles de production et de commercialisation de ces médicaments

En 2008,le jury Nobel a récompensé Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi pour leur découverte du VIH (le virus de l'immunodéficience humaine), en 1983. A cette époque, médecins et biologistes sont aux prises avec un nouveau mal, le sida (le syndrome de l'immunodéficience acquise) que l'on vient de déceler chez les homosexuels en Californie et à New York. La cause du mal identifiée, les biologistes annoncèrent la mise au point rapide d'un vaccin préventif à l'horizon de quelques années. Il n'en fut rien : 25 ans après, aucun vaccin n'est disponible.

Depuis la première pandémie datée de 1981, le VIH (le virus de l'immunodéficience humaine) n'a cessé de se répandre. En 2009, 2,5 millions de personnes ont contracté le virus et 33 millions d'individus étaient infectés dans le monde. Les thérapies anti-VIH permettent aujourd'hui aux personnes séropositives de mener une vie normale et l'espérance de vie de ces personnes a considérablement augmenté grâce à ces traitements. Toutefois, le virus reste latent dans des ″réservoirs″ - des cellules immunitaires disséminées dans de nombreux organes ou circulant dans le sang.

En Afrique de l'Ouest, le Sénégal est un des pays les plus touchés par les maladies infectieuses, notamment par le sida. Les malades, loin d'être abandonnés, bénéficient aujourd'hui d'aides et de traitements adaptés, souvent beaucoup trop chers pour eux mais dont l'Etat assure la gratuité.

Les thérapies développées pour combattre le VIH ont considérablement amélioré le pronostic de cette infection. L'arsenal thérapeutique dont disposent aujourd'hui les médecins repose essentiellement sur l'utilisation de combinaisons de médicaments antirétroviraux lesquels, s'ils sont facilement disponibles dans les pays occidentaux, restent peu accessibles dans les pays du Sud.

Vitro-immunological sustain control after treatment interruption ou VISCONTI. Tel est le nom d'une cohorte de patients infectés par le VIH ayant arrêté leur traitement mais qui contrôlent le virus. Suivis depuis près de 10 ans par la virologue Christine Rouzioux, ils pourraient être la clé d'un traitement. Mais ces résultats sont bien moins un ″satisfecit″ qu'un motif pour continuer pour cette combattante qui, il y a tout juste 30 ans, travaillait déjà sur le sujet aux côtés d'une certaine Françoise Barré-Sinoussi.

Il y a trente ans, lorsqu'apparaît le syndrome immunodéficitaire acquis (SIDA), la science est désarmée : quelle est son origine ? Comment se propage-t-il ? On parle psychose. Des populations "à risque" sont identifiées : homosexuels, hémophiles, drogués, personnes originaires d'Haïti ou d'Afrique équatoriale. Trente ans plus tard, il est possible de vivre avec la maladie devenue "VIH", la médecine a fait des progrès vertigineux. La "fin du sida est possible", si les financements et les politiques suivent.

Trente ans après l'apparition du VIH, trithérapies et prévention ont fait reculer l'épidémie. Mais vaincre la maladie restait un défi. Aujourd'hui, le premier patient totalement guéri du sida ouvre une nouvelle ère. Un espoir porté par quatre approches thérapeutiques.