C'est le grand test politique de cette rentrée : l'opposition républicaine veut montrer qu'elle a son mot à dire dans le duel gauche-FN. Alors pourquoi aide-t-elle si mal son candidat ?

En brisant le tabou de l'infaillibilité du chef, le numéro deux du Front national a voulu dénoncer le népotisme du système Le Pen. Et prendre date.

Le président de Démocratie libérale le jure : il ne veut pas d'accord avec Le Pen. Mais il réintègre un président de région élu grâce au FN. Résultat le plus immédiat : l'implosion de la famille libérale.

Une partie de la droite "républicaine", toute honte bue, lui fait les yeux doux. Mais le patron du FN refuse ses avances : une alliance lui coûterait sa place au sein de son parti. D'où sa volonté de rappeler qu'il est infréquentable.

Un seul élu mais près de 4 millions d'électeurs : c'est la mauvaise nouvelle de ces élections. Pour la gauche, bien sûr, mais aussi pour la droite, désormais contrainte à la "refondation".

La stratégie antidroite de Le Pen peut être fatale au maire consort et profiter au socialiste Henri D'Attilio... Mais ailleurs le FN, arbitre d'une centaine de triangulaires, fait une entrée en force.

On l'oublie trop : les électeurs lepénistes votent en majorité pour la droite au second tour. Et ils peuvent à eux seuls arbitrer l'issue d'une course dont le résultat risque d'être serré.

La vague citoyenne peut-elle servir de tremplin à la gauche des partis ? Oui, à condition qu'elle entende l'avertissement du week-end dernier : c'est sur le terrain, dans les cités, dans les quartiers, qu'on l'attend pour combattre Le Pen.

Le propriétaire de leur résidence de Rueil-Malmaison réclame à Mme Le Pen 1,8 millions de francs d'arriérés. Une petite partie de cette dette a été payée mais par une société, Ecotec, créée par deux des amis de Le Pen. Et derrière cet imbroglio immobilier se dessinent les étranges réseaux de financement du président du Front national.

Quand 100 000 personnes viennent d'elles-mêmes, sans mots d'ordre des grandes organisations, sans autobus ni trains spéciaux, dire non à l'extrême-droite, c'est un désaveu pour le gouvernement. Et un avertissement pour la gauche.