Déficit en décarboxylase des acides aminés L-aromatiques (AADCd)
à propos d’un cas à deux ans post-thérapie génique (TG)
01 mars 2024
Numéros de page :
8 p. / p. 133-140 : ill. en coul. , tab.
Le déficit enzymatique en décarboxylase des acides aminés L-aromatiques (AADCd) bloque la conversion de 3,4-dihydroxyphénylalanine (L-DOPA) en dopamine et de 5-hydroxytryptophane (5-HTP) en sérotonine.
C’est une maladie autosomique récessive rare avec un peu plus de 135 cas rapportés dans le monde depuis 1990. L’AADCd conduit souvent à un handicap sévère, secondaire au déficit en neurotransmetteurs, pouvant engager le pronostic vital.
Nous rapportons le cas d’un garçon diagnostiqué à l’âge de six mois, avec un tableau clinique classique (crises oculogyres, hypotonie, retard de développement et symptômes neurovégétatifs). Le dosage des neurotransmetteurs dans le liquide céphalo-rachidien et la mesure de l’activité enzymatique dans le sérum ont confirmé le diagnostic. L’analyse moléculaire a permis d’objectiver la mutation du gène dopa décarboxylase (DDC). Notre patient a été traité par différentes approches pharmacologiques, visant à limiter la dégradation de la dopamine, avec un bénéfice très limité.
À 16 ans, malgré une évolution neurologique déjà sévère, il a bénéficié d’un protocole de thérapie génique (TG) utilisant un vecteur adénoviral AAV2-hAADC, délivré par voie neurochirurgicale stéréotaxique dans la substantia nigra et l’aire tegmentale ventrale du mésencéphale. La TG a permis une évolution favorable avec une progression modeste mais réelle concernant la qualité de vie, notamment avec le maintien et le contrôle de la tête, l’acquisition de gestes volontaires, la résolution des crises oculogyres et la diminution des mouvements anormaux.
Afin d’évaluer le bénéfice clinique de cette TG, les études se poursuivent actuellement, incluant des patients d’âges et de présentations cliniques différents. Les résultats préliminaires semblent prometteurs, surtout si la TG est réalisée dès le plus jeune âge. Cela montre l’intérêt à sensibiliser les professionnels aux signes cliniques évocateurs, à améliorer les tests diagnostiques et ainsi espérer un traitement innovant rapide afin de permettre une évolution la plus optimale possible.
Note Générale : bibliogr. p. 139-140