La gloire est sans pitié : elle a couronné Jacques Prévert, ignorant Pierre, son frère et son complice. Enfants du surréalisme, ils affichent un sens inné de la révolte et de la dérision. C'est toujours à deux qu'ils font les quatre cents coups dans le Paris des salles obscures et des comptoirs d'étain. En tandem, ils s'affirment comme les maîtres du cinéma burlesque avec L'affaire est dans le sac. En duo, ils animent de leur verve les terrasses de Saint-Germain-des-Prés et les folles réunions de la rue du Château, époustouflant les plus iconoclastes, de Breton à Picasso en passant par Eluard, Desnos, Miró, Carné ou Vian. Serge Reggiani disait aimer «Jacques-Pierre Prévert». Comme lui, ne séparons plus les frères amis.

Le Cayla : une demeure perdue dans la campagne tarnaise où Maurice de Guérin (1810-1839) et sa soeur Eugénie (1805-1848) se consumaient. Cet étrange « couple » de poètes est resté mythique. Maurice de Guérin, auteur du fameux Cahier vert, a d'une certaine façon inventé l'intimisme, dans le sillage de Chateaubriand. Mauriac et bien d'autres se sont réclamés de lui. Poète lui-même, Yves Charnet a séjourné au Cayla dans chacune des quatre saisons. Tout en évoquant la mémoire de Guérin, il a médité sur les avatars et la postérité du Romantisme. De Nerval à Leiris - et au - delà. Il en résulte ce texte bref, tendu, habité, sensible. C'est une sonatine très contemporaine, mais chacun croira y reconnaître des harmonies et des ruptures qui viennent de très loin.

Met l'accent sur un aspect particulier des rapports au sein d'une famille : les liens singuliers qui unissent les frères et les soeurs, que la coordinatrice appelle les "racines horizontales". Tente de restituer ces relations dans toute leur diversité, notamment : amour et haine, complicité et rivalités, solidarités et trahisons...