En cette rentrée les hasards des programmations pourraient faire croire à un retour frileux aux classiques. Mais certains spectacles témoignent au contraire d'une réappropriation du répertoire par un geste novateur de mise en scène : Dom Juan ″d'après Molière″ par Marc Sussi au Théâtre de la Bastille, ″Les Femmes savantes″ de Molière par Bruno Bayen au Vieux-Colombier, ″Les Acteurs de bonne foi″ de Marivaux par Jean-Pierre Vincent aux Amandiers de Nanterre.

« Tartuffe » de Molière par Eric Lacascade aux Gémeaux de Sceaux, « La Mouette » d'après Anton Tchekhov par Mikaël Serre au Nouveau Théâtre de Montreuil, « L'Opéra de quat'sous » de Bertolt Brecht et Kurt Weill par Laurent Fréchuret au Centre dramatique national de Sartrouville : ces trois spectacles actuellement joués en région parisienne, représentés dans de longues tournées, témoignent assez bien de la programmation des centres dramatiques et des scènes nationales, de la vie théâtrale sur l'ensemble du territoire

"Le Bourgeois gentilhomme" de Molière mis en scène par Denis Podalydès aux Bouffes du Nord, "Un fil à la patte" de Georges Feydeau par Jérôme Deschamps à la Comédie-Française : en quelques lieux, la vie théâtrale se poursuit dans la capitale et donne la possibilité de voir en juillet 2012 des spectacles jusque-là "complets", en raison de leur succès.

« Dom Juan » de Molière par Jean-Pierre Vincent au Théâtre éphémère de la Comédie-Française, « Britannicus » de Racine par Jean-Louis Martinelli à Nanterre-Amandiers, « Antigone » d'Anouilh par Marc Paquien au Vieux-Colombier : avant même les grands spectacles du Festival d'Automne, l'ouverture de saison offrait le plaisir, pour les familiers du répertoire, de retrouver, sous un jour nouveau, de grandes figures connues et, pour les autres, de vraiment découvrir des pièces grâce à des mises en scène respectueuses du texte.

La première saison de Luc Bondy à l'Odéon se termine avec deux grands succès, pour lesquels même cinq semaines de programmation ne suffiront pas à satisfaire la demande du public : la reprise de « Cendrillon » de Joël Pommerat ; l'arrivée, après une longue tournée, du spectacle de Jean-François Sivadier, créé en janvier 2013 à Rennes, au Théâtre national de Bretagne : « Le Misanthrope » de Molière.

Les psychologues dénombrent au moins quatre formes d'hypocrisie. Molière, lui, avait imaginé un personnage qui en illustrait une caractéristique essentielle : l'ambiguïté.

En écrivant "L'Avare", Molière avait parfaitement compris les grandes déformations psychologiques liées à l'argent. Celles-ci apparaissent aujourd'hui sous l'oeil des IRM.

Quand Jérôme Savary dirige des artistes du pays de Castro et réorchestre "le Bourgeois gentilhomme" à la sauce afro-cubaine, on fait le voyage.

En bon héritier de Jean Vilar, Christian Schiaretti apporte le rire libérateur de Molière au Maroc.

Luc Bondy, aux ateliers Berthier de l'Odéon, et Clément Hervieu-Léger, dans la salle Richelieu de la Comédie-Française, montent respectivement "Tartuffe" et "Le Misanthrope" de Molière. Ces deux metteurs en scène, si différents, ont pourtant fait un même choix : passer du XVIIe siècle à aujourd'hui sans complète actualisation, c'est-à-dire sans munir les personnages de téléphones portables.

"Georges Dandin" par Hervé Pierre au Vieux-Colombier, "Le Misanthrope" par Thibault Perrenoud au Théâtre de la Bastille, "L'Avare : un portrait de famille" en ce début de 3ème millénaire, une adaptation de Peter Licht, par Catherine Umbdenstock au Centre dramatique national d'Aubervilliers : Molière semble en France un excellent révélateur des évolutions récentes de la mise en scène pour le répertoire classique.