Cent millions de morts à eux trois ! Personne n'a fait pire dans l'histoire humaine. Pourquoi ? Comment ? La recette n'est pas si compliquée. Prenez un individu doué sous certains aspects mais paranoïaque, frustré et incapable d'empathie. Laissez-le s'emparer d'un pouvoir absolu. Faites-le adhérer jusqu'au fanatisme à une idée qui prétend transformer l'homme et la société : la race pure ou le communisme, au choix. Versez ce cocktail détonant sur des circonstances exceptionnelles, révolution, guerre ou crise économique. Le résultat : un océan de crimes...

Après l'arrivée au pouvoir de Hitler, l'attitude française et britannique ne fut qu'une suite de reculades face aux coups de force perpétrés par l'Allemagne. Pourtant, les démocraties n'ignoraient rien de la barbarie nazie. Alors, comment expliquer cet incroyable aveuglement ?

Comment représenter Hitler ? Comment l'incarner sans sombrer dans la caricature ou la complaisance ? Des cinéastes s'y sont essayés, contemporains des évènements comme Charlie Chaplin, ou plus tardifs comme Woody Allen.

Ecrire la vie de Hitler : l'exercice a longtemps été réservé aux journalistes, et dédaigné par les historiens. Les choses changent aujourd'hui avec, notamment la publication en Angleterre puis en Allemagne de la biographie de Ian Kershaw, bientôt traduite en français. L'étude du nazisme, du régime, de ses rouages, fait désormais la place, au-delà des idées fausses et des fantasmes, à celle d'un homme, de son itinéraire, de ses idées...

Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier par le président Hindenburg. En quatre ans, son parti est devenu la première force politique du pays. Quel rôle a-t-il joué dans cette prise du pouvoir légale ? Comment expliquer que les dirigeants des grands partis allemands aient pu à ce point se tromper sur son compte ?

Un père autoritaire, une scolarité difficile, une famille à la structure complexe... Le paradoxe, pour l'historien qui s'intéresse aux premières années de Hitler, c'est que ces éléments sont à la fois déterminants et banals. Et l'influence de l'enfant Hitler sur l'homme Hitler reste un phénomène insaisissable, irréductible à toute explication a posteriori.

Musique, couleurs et drapeaux, grand-messes politiques : le charisme de Hitler vient moins de sa personne que de la position exceptionnelle qu'il occupa. Faisant de ce tribun de brasserie le héros d'une Allemagne à la recherche d'un rédempteur.