La collection «des villes» est le lieu de rencontre privilégié entre des écrivains de notre temps et les villes qui les fascinèrent. Villes de France ou villes du monde, grandes ou petites, illustres ou secrètes, elles sont la rêverie d'un peintre devant son modèle, l'empreinte laissée par telle ville dans telle âme. Car on peut se pencher sur une ville comme on se penche sur un être aimé.

Voici, réunis enfin en un seul volume, Le Gala des vaches, Valsez saucisses et Le Menuet du haricot. Un triptyque d'Albert Paraz qui se laisse malaisément enfermer dans un genre défini et qui tient à la fois du journal intime, de la chronique, de l'essai et du pamphlet. Conçu à l'origine comme une défense de Louis-Ferdinand Céline, il déborde largement le cadre que son auteur lui avait assigné et prend les dimensions d'un témoignage souvent grinçant, toujours hilarant, sur l'époque qui va de l'immédiat après-guerre à la fin des années cinquante. S'y donne libre cours la verve polémique d'un écrivain que son admiration inconditionnelle pour l'auteur du Voyage au bout de la nuit conduit aux prises de position les plus aventureuses. Dans le même temps, condamné par la tuberculose à mener une vie de reclus, il observe le monde depuis son lit d'hôpital et consigne les commentaires très peu conformistes que lui inspire une période troublée. Outre qu'ils représentent un témoignage incomparable, ces trois ouvrages qui ressortissent de la même veine restent étonnamment modernes. Ils rendent justice à un écrivain au style éblouissant, épris de liberté au point de braver tous les interdits et au risque d'acquérir la réputation d'énergumène qui reste attachée à son nom. Romancier, nouvelliste, épistolier, auteur de nombreux articles sur les sujets les plus divers, Paraz offre ici la quintessence de son art. Ces textes constituent sans nul doute la partie la plus savoureuse d'une oeuvre multiforme que l'on commence seulement à redécouvrir. Jacques Aboucaya

François Caradec (1924-2008), pataphysicien polygraphe, excellent historien de la littérature et spécialiste de l'argot, est aussi l'auteur facétieux de l'Encyclopédie des farces et attrapes et des mystifications. Il est demeuré fidèle jusqu'à ses derniers jours aux « Papous dans la tête » de France Culture.

Né en 1900 à Nîmes, mort dans sa ville natale en 1983. À partir de 1929, date de publication de son premier roman d'inspiration surréaliste, sa vie se confond avec la littérature : romans, essais, radio, télévision, théâtre, journalisme.

Dans ces huit séries de notes, la réflexion de Borel, toujours déterminée par la fascination de la mémoire, la hantise d'une culpabilité, et les blessures intimes, s'approfondit en présence de la mort.

Céline a construit et a réussi à imposer sa propre légende, que l'on retrouve dans de nombreux travaux sérieux. S'appuyant sur le travail de ses biographes, la correspondance et l'oeuvre de l'écrivain, l'auteur s'efforce de la démonter, en montrant que Céline, qui reste cependant un grand écrivain, était animé par un seul idéal : l'appât du gain. Avec une chronologie et des notices biographiques.

Piotr Rawicz, rescapé du ghetto de Lvov puis des camps d'Auschwitz et de Leit-meritz, est l'auteur d'un livre unique sur l'anéantissement des Juifs d'Europe de l'Est, Le Sang du ciel. Un récit qui fascine par la puissance de sa narration, par la violente beauté de son écriture, par son mépris de toute convention et de toute norme, y compris celles du témoignage. Car selon les modalités cruelles et poétiques qui lui sont propres, il rend compte de l'assassinat d'un peuple, de la fuite chaotique des survivants, mais aussi de la difficulté de témoigner du désastre sinon de façon oblique et réfractée. Ce livre permettra de (re)découvrir un homme et une oeuvre longtemps oubliés, à travers les textes de critiques et de spécialistes de la littérature qui considèrent que Le Sang du ciel, dans sa fulgurance, est un des grands textes du XXe siècle, et les témoignages de ceux qui ont connu Rawicz, personnage séduisant et désespéré. Certains de ses écrits dispersés ou inédits sont ici réunis.

Des réflexions sur l'écriture et l'art qui en font toute la richesse, sur le temps qui passe, et sur l'âge qui avance, avec cette foi et cet apaisement que C. Juliet a acquis grâce à la maturité.

Biographie d'Alfred Fabre-Luce (1899-1983), écrivain, éditorialiste, connu en son temps pour ses opinions anti-conformistes. Proche du Parti populaire français de Jacques Doriot en 1936, il soutient ensuite la politique du maréchal Pétain. Après guerre, il combat l'indépendance de l'Algérie et publie un essai Haute Cour contre De Gaulle qui sera saisi par la police.

Une forme de contre-biographie, dans laquelle la vérité des faits contés a moins d'importance que leur style : ce n'est pas la vie qui permet de comprendre l'oeuvre, mais l'oeuvre qui a donné sa forme, sa musique, à la vie. (Electre)