À Bruxelles, un an après le début de l’invasion russe en Ukraine, le week-end des 25 et 26 février 2023, deux manifestations différentes ont été organisées, l’une le samedi et l’autre le dimanche, signe évident d’une incapacité à se rassembler sur cette question. Que le débat soit difficile ne le rend pas moins indispensable. Derrière la mince surface des oppositions simplistes, il paraît important de comprendre la profondeur des dissensions.

Une industrie française ne connaît pas la crise. L'armement. Ses ardents défenseurs sont loquaces dès qu' il s'agit de vanter ses 200 000 emplois, ses dix grands groupes et ses 4 000 PME. Ils sont intarissables lorsqu'ils évoquent les performances à l'export de Thales, Safran, Nexter, Dassault, MBDA. Ils ne manquent pas une occasion de rappeler l'influence de ces industriels dans le dynamisme économique de départements comme le Finistère, la Loire, le Morbihan, le Cher. Mais ils restent sans voix dès qu'on prononce les mots "Yémen", "Arabie saoudite" ou "Égypte".

Dans les derniers mois de 1957, la réponse à donner à la requête d’armes adressée à plusieurs pays de l’alliance atlantique de la part d’une Tunisie pro-occidentale fut à l’origine d’une crise que montrait la difficulté de concilier les priorités françaises (résoudre la question algérienne) et les objectifs plus généraux de la politique occidentale dans la Méditerranée (soustraire les pays de la région à l’influence de l’Union Soviétique et de l’Egypt de Nasser).