Peut-être plus qu'ailleurs encore, l'archéologie en Amazonie a fait des progrès prodigieux et a obtenu des résultats stupéfiants ces dernières années, révélant quantité d'informations sur la présence ancienne des hommes dans cette immense forêt. Deux éléments majeurs ont retenu notre attention : l'intervention de l'homme sur la nature et les tertres en coquillages.

A peine une dizaine d'habitations précolombiennes ont pu être retrouvées en Amazonie, malgré les nombreuses fouilles archéologiques menées dans cette immense région. La maison qui vient d'être mise au jour sur le site de Pambay, en Equateur, est la plus ancienne connue et date de 3 000 ans. Elle apporte un lot de révélations spectaculaires sur les premiers habitants de la plus grande forêt tropicale du monde.

Conçue à partir de pièces archéologiques du musée Dobrée de Nantes et d’objets ethnographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac, l’exposition "Précieux poisons d’Amazonie" aborde le thème original des poisons, sortant ainsi du carcan habituel « plumes et flèches » auquel se résument souvent les expositions sur l’Amazonie. Poisons végétaux et d’animaux, venins, curare, manioc, telles sont les grandes sections de l’exposition que nous vous dévoilons ici (commissariat Chrystèle Quebriac, du musée Dobrée, et Stéphen Rostain).

Hier isolé du monde extérieur et choyés de ce fait par les ethnologues qui en firent de longs et passionnants sujets d'études, les Amérindiens du bassin amazonien revendiquent aujourd'hui plus que jamais leur identité. Entre la déforestation et le mépris affiché du nouveau président brésilien à leurs égards, le défi est immense.

Les violents incendies qui ont dévasté de larges zones de la forêt amazonienne cet été 2019 ont rappelé à l’opinion publique la vulnérabilité de cette région à la fois aux aléas climatiques (sécheresse et risques d’incendie subséquents) et aux intentions parfois peu louables de certains acteurs économiques brésiliens (dont les activités et intérêts à court terme nécessitent la poursuite de la déforestation).

On sait que l’archéologie de l’Amazonie a connu des avancées prodigieuses depuis une trentaine d’années. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il y a souvent des femmes chercheuses derrière ces progrès. A l’occasion de la publication de son livre "Amazonie, l’archéologie au féminin", Stéphen Rostain, archéologue et directeur de recherche au CNRS, présente ces archéologues pionnières de la plus grande forêt au monde.

Pour sa réflexion sur la figure du chef sans pouvoir, sur l’Etat comme système de garanties, sur la continuité entre l’échange et la guerre, ou encore sur l’écologie, il faut reconnaître à l’anthropologue une sagesse politique.

Quand la déforestation de l’Amazonie a-t-elle commencé ? L’idée reçue que les Amérindiens n’exploitaient pas la forêt avant l’arrivée des Européens est battue en brèche par l’archéologie, qui a mis au jour les premières traces, il y a 13 000 ans, de l’interaction entre les hommes et la forêt. Cette histoire plurimillénaire montre le passage d’un usage raisonné et respectueux à celui, intensif et fatal, de la plus grande forêt tropicale de la planète.