Débordé par un mouvement social inédit, le gouvernement français s’est lancé dans une surenchère législative, au risque d’entraver la liberté de manifester. Entretenant un rapport cynique avec la violence, il enjoint à tous de la condamner, sauf quand elle relève de sa responsabilité. À défaut d’issue politique, il joue le pourrissement et engage une répression sans précédent depuis les années 1960.

«Tout le monde déteste la police.» Courant dans les manifestations françaises, ce slogan exprime une exaspération qui n’est plus cantonnée aux groupes les plus militants. Trop souvent requises pour réprimer des mouvements sociaux, avec une brutalité remarquée, les forces de l’ordre ont vu leur mission se confondre avec celle d’une garde prétorienne du pouvoir. Leur popularité n’y a pas résisté.

Aux États-Unis, le maintien de l’ordre relève des autorités locales. Comment dès lors expliquer qu’une ville réputée progressiste comme Minneapolis soit le théâtre d’exactions policières racistes à répétition ? Dotés d’un lourd passif en matière de violences contre les habitants noirs, ses services de police y jouissent d’une impunité presque totale. Du moins jusqu’à la mort de George Floyd.

Indigné à l’idée que la dictatrice bolivienne Jeanine Áñez puisse avoir à répondre de ses actes devant la justice de son pays, le Parlement européen a voté une résolution appelant à sa libération. Il semble moins préoccupé par la violente répression qu’ont subie les manifestants colombiens au mois de mai. Plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés n’ont suscité aucune réaction de sa part.

Interpellations qui dégénèrent, courses-poursuites mortelles, malaises en garde à vue... Quand des policiers ou des gendarmes dérapent peu sont sanctionnés par la justice. Et le nombre exact de tués par les forces de l'ordre demeure inconnu. Enquête et interview de Marie-France Monéger-Guyomarc'h, patronne de la police des polices : "Un policier doit garder son calme et gérer".

Dimanche 26 mars 20107, Shaoyao Liu, 56 ans, père de cinq enfants, a été tué chez lui au cours d'une intervention de police à Paris. Bavure ou légitime défense ? La communauté d'origine chinoise manifeste pour connaitre la vérité.

Bardé de privilèges, premier "bodyguard" de la République, Alexandre Benalla est aujourd'hui à l'origine de la plus grave crise de la macronie. Récit d'une carrière fulgurante.

Dans le plus grand centre de rétention administrative de l’Hexagone, les accusations de violences policières sont légion. Depuis la mort d’un retenu fin mai, elles redoublent. Le tout, dans une promiscuité et des locaux insalubres. Enquête au coeur d’une indignité française.

Olivio, Nathalie, Souheil, Jean- Paul, Fadjigui, Boubacar, Rayana, Omar, Rihanne, Adam... Leur point commun ? Comme Nahel, ils et elles ont été tué·es par des policiers ou des gendarmes lors d’un contrôle routier, au motif du "refus d’obtempérer". Au moins 21 personnes sont mortes dans ces circonstances depuis 2020 – année de l’arrivée de Gérald Darmanin à la tête du ministère de l’Intérieur –, jusqu’à ce funeste 27 juin 2023, à Nanterre. En quinze ans, de 2002 à 2017, 17 personnes ont trouvé la mort à la suite d’un refus d’obtempérer, contre 32 depuis 2017.

La République en danger. Pillages, incendies, violences envers les élus, attaques contre les biens publics et les forces de l'ordre... Une jeunesse sans repères se déchaîne comme jamais. Comment en sommes nous-arrivés là ? Sommaire. Vincent Jeanbrun, "maire courage". Des élus debout. Policiers, mission impossible ? Boris Cyrulnik : "Ces enfants sont désespérés car ils ne sont pas tutorisés". La presse, cible des émeutiers. A Montargis, ville meurtrie. Au pied du mur. Quand la pop culture influence la violence. Les incendiaires, les complices et les profiteurs.

L’absence de mesures politiques en direction des quartiers populaires depuis la mort de Nahel inscrit Emmanuel Macron dans la continuité de ses prédécesseurs face aux discriminations : en les laissant impunies, l’État les a rendues légitimes.

Le 27 juin 2023, le jeune homme de 17 ans était tué par un policier à Nanterre. Aujourd’hui, victimes et familles de victimes de violences d’État sont plusieurs dizaines à prendre la plume dans "Politis". Nous vous présentons douze de ces témoignages. Si les parcours et les époques sont divers, la conclusion est toujours la même : une douleur immense et une soif de justice. D’autres témoignages, tous aussi puissants, sont à retrouver sur Politis.fr.