Alors que les violences policières font la une, une autre histoire, bien différente, embarrasse également l'institution : en février prochain aura lieu le procès dit de la "BAC du XVIIIe", dans lequel six fonctionnaires de la brigade anticriminalité sont mis en examen pour des faits de corruption. Une affaire qui aura gâché la vie d'Aymen Ibrahim, un émigré égyptien qui passait par là et qui ne cesse, depuis, de clamer qu'on l'a piégé.

Le trafic de cocaïne venu d'Amérique du Sud se propage en Europe, avec son cortège de crimes et sa corruption. Et la France n'est plus épargnée. Enquête sur ce que les magistrats appellent désormais la "peste blanche". Depuis quelques années, Dubaï est la base arrière des plus gros narcotrafiquants français. Entre voitures de sport, appartements luxueux et bars à chicha, ils y blanchissent leur argent en toute impunité. Mais le vent commence à tourner.

Pendant deux ans, un trentenaire sans emploi a joué les factotums pour un réseau criminel du Havre. La spécialité de l'organisation ? Les sorties de drogue du port normand, principale porte d'entrée de la poudre blanche en France. Devant les policiers, il a décidé de tout raconter.

Depuis des mois, la cité phocéenne connaît une vague de règlements de comptes liés au trafic de stupéfiants. Dans les quartiers Nord, les jeunes sont les victimes de réseaux puissants. Pourtant, certains refusent de céder au fatalisme.

Jamais la richesse et le pouvoir du crime organisé n'ont été aussi importants, s'inquiète un rapport d'Europol. A côté des structures traditionnelles pullulent désormais, du Maroc au Nigeria, des mafias « émergentes ». Enquête. Sommaire. Les secrets des nouveaux mafieux. Calabre. La 'Ndrangheta, criminels sans frontières. Maroc. Cannabis, meurtres et club de foot. L'essor des multinationales du crime organisé.

A chaque vol Cayenne-Paris, elles sont une dizaine. Jeunes, inconscientes du danger, des « mules » décollent pour la métropole le ventre bourré de capsules de cocaïne. Si l'une d'elles cède, le risque est mortel. Façon roulette russe, ces Guyanais prennent un aller simple pour l'enfer ou pour le paradis. Un paradis estimé à quelques milliers d'euros, une fortune pour ces recrues précaires. Policiers, juges et douaniers sont débordés par l'ampleur du trafic... Des rives du fleuve Maroni à l'aéroport d'Orly, voyage sur la route des passeurs de « blanche ».

Plus d'un milliard d'euros, c'est la somme que brassent chaque année les trafiquants de cannabis en France. Alchimistes du marché de la drogue, ils sont passés maîtres dans l'art de changer l'herbe et la résine en or. Mais une fois la marchandise écoulée, comment rendre l'argent sale plus blanc que blanc ? En s'appuyant sur un réseau d'intermédiaires déployé sur trois continents. De l'Inde au Maroc, des petites mains de Seine-Saint-Denis aux évadés fiscaux des beaux quartiers parisiens, le circuit du blanchiment traverse des mondes que tout oppose. Impunément ?

"Marseille : un homme tué par balle". "Nouveau règlement de comptes à la kalachnikov". Il ne se passe pas trois mois sans que la cité phocéenne fasse les gros titres. Année après année, le décompte macabre n'en finit pas de grimper. Très souvent, la victime "est connue pour des faits de stupéfiants". Très souvent, elle a entre 15 et 25 ans. Des caïds mais aussi des petits frères, moins bien payés, plus exposés. Peuvent-ils seulement y échapper ? Misère, ghettos, relégation sociale : dans les quartiers Nord, le terrain est fertile pour que le trafic fleurisse.

« Narcoterrorisme ». Le mot évoque Pablo Escobar, les cartels et les barons de la drogue. Depuis quelques années, il désigne surtout l'alliance des deux fléaux auxquels le pouvoir américain a déclaré la guerre : les stupéfiants et le terrorisme. De fait, de la Colombie à l'Afghanistan en passant par le Liban, la drogue sert de source de financement à certains groupes armés. Pour tarir cette manne, les grands moyens sont déployés. Opération Cedar, opération Cassandra... Des missions aux noms mystérieux et leurs agents infiltrés s'attaquent au nerf de la guerre : l'argent des stupéfiants.

Lancée à grand renfort de moyens par Emmanuel Macron il y a six mois, cette intervention très médiatique avait marqué les esprits par le déploiement inédit des forces de polices. Mais le narcotrafic persiste et s’adapte, révélant les limites d’une stratégie ponctuelle face à un phénomène enraciné.

Le 29 juin 2022, le ministère de l'Intérieur syrien s'enorgueillissait d'avoir réalisé une saisie record de 2,3 tonnes de pilules de captagon dans l'ouest du pays. Des enquêtes ont toutefois mis en évidence la collusion entre le régime de Bachar al-Assad (depuis 2000) et les principaux tenants des filières de production et d'exportation de cette drogue, qui provoque des tensions entre États du Moyen-Orient, notamment avec les monarchies du Golfe.