A l'occasion du trentième anniversaire de la mort de Lacan, cet essai revient sur les paradoxes du psychanalyste, qui se situe à contre-courant des espérances d'après 1968 mais qui reste actuel dans la modernité de sa liberté de parole et de moeurs, dans l'essor de toutes les émancipations.

La psychanalyse n a pas toujours été l école de la résignation qu elle est devenue. Sa mue conservatrice, qui conduit soignants et patients à se focaliser sur les maux privés des individus, n avait rien d inéluctable. Elle résulte en effet d une double limitation : de l inconscient au refoulé, et du refoulé à l Rdipe. Pour que la psychanalyse cesse d être un outil de reproduction de l ordre social et redevienne une école d espoir, il faut donc la désSdipianiser, la recentrer sur le réel c est-à-dire, bien souvent, sur le politique. Restituant les débats passionnants qui ont contribué à cette opération de recentrage, Florent Gabarron-Garcia propose dans cet ouvrage une critique en règle du psychanalysme, cette orthodoxie qui, assimilant toute forme de pensée critique à un discours « hystérique », aboutit inéluctablement à sa pathologisation. Il montre au contraire comment une attention soutenue au lien inextricable qui unit les histoires des personnes et la grande Histoire peut rendre à la clinique sa portée subversive, et transformer le sentiment de fatalité en désir de révolution.