Succès modeste à sa sortie, classique télé dans les années 90, "Dead Zone" a fini par devenir l'une des oeuvres les moins identifiées de David Cronenberg. Stephen King a beau répéter qu'on ne l'a jamais mieux adapté, rien n'y fait. Alors que les Américains rééditent le film dans une édition 4K luxueuse, Première est parti sonder la zone morte du cinéaste canadien.

Une même raison pourrait combler ou au contraire décevoir les admirateurs de David Cronenberg face à son nouveau filin, réalisé huit ans après le précédent ("Maps to the Stars") : au premier abord, "Les Crimes du futur" semble être une compilation de tout son cinéma, en particulier de toute sa veine SF, qui va de "Stereo" (1969) à "eXistenZ" (1999). Mais il serait cependant dommage de ne voir dans la dimension rétrospective de ce dernier film qu'un auto-remake de sa filmographie ou, pire, le symptôme d'un manque d'inspiration ou d'une incapacité à se renouveler. Sommaire.

"Les Crimes du futur" marque le grand retour de David Cronenberg, qui signe son meilleur film depuis Les Promesses de l'ombre (2007). Fascination devant les énigmes du corps et les mystères du désir, méditation sur les nouvelles formes d'une esthétique revue par la technique sur fond de post-apocalypse, le film prolonge et renouvelle à la fois les interrogations essentielles d'un cinéaste plus que jamais à l'affût des bouleversements du monde.

Nous avions au moins deux raisons de nous entretenir avec David Cronenberg en ce mois de janvier 2025. D'abord, "Les Linceuls", qui sortira en France le 30 avril et que nous avons pu découvrir à Cannes, est incontestablement l'un des films les plus attendus de 2025. Par ailleurs, nous inaugurons avec ce cinéaste si cher aux "Cahiers" une série d'entretiens à bâtons rompus sur le cinéma avec des personnalités de diverses disciplines, afin de célébrer les 130 ans de cet art tout au long de l'année.

Il serait excessif d'écrire que "Les Linceuls", le dernier film de David Cronenberg, en salles le 30 avril, est une comédie. Et pourtant, derrière les rideaux noirs qui recouvrent ce nouvel opus du roi des drames horrifiques se cache une oeuvre surprenante. On y ausculte la vie de Karsh (Vincent Cassel), entrepreneur et savant fou, concepteur d'une sorte de cimetière bluetooth permettant aux vivants de se connecter aux défunts, filmés en permanence dans leur tombe, y compris durant la décomposition.

Le classique érotico-mécanique de David Cronenberg, fait de sperme, de sang, de cicatrices et de tôle froissée, brille de mille feux argentés dans un nouveau master HD rutilant. Vingt-quatre ans après sa présentation cannoise sous les huées, Cronenberg revient pour "Première" sur le film qui a fait basculer son oeuvre et sa carrière.

Né de la perte de Carolyn Cronenberg, décédée d'un cancer en 2017, "Les Linceuls" prolonge la poétique cryptique du cinéaste, à tous les sens du terme.

Les films de David Cronenberg connaissent souvent ce même destin : ils troublent, rebutent parfois, puis, pour beaucoup, deviennent des classiques. En somme, le trajet des "Linceuls" est emblématique puisqu'il sort en France près d'un an après un accueil circonspect au Festival de Cannes 2024, mais aussi dans la foulée d'une rétrospective dans le temple de la Cinémathèque française.

Sortie du dernier Cronenberg Les lincels et interview du réalisateur.

Justine Triet nous avait confié son admiration pour David Cronenberg. A l'occasion de leur présence en décembre au festival de Marrakech et de la sortie des Linceuls, nous avons organisé leur rencontre. Dans un long dialogue aussi précis qu'une leçon de cinéma, les deux cinéastes échangent sur des souvenirs de tournage, des méthodes de fabrication, leur passion des comédien-nes, l'Amérique de Bush à Trump et leur perception de ce qui fait la grâce particulière du cinéma.