En décidant d’imposer une modification du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, M. Emmanuel Macron a embrasé l’archipel. La colère qu’elle a suscitée ne faiblit pas. La récente incarcération en métropole de sept militants indépendantistes l’a même attisée. Ayant pris fait et cause pour l’un des acteurs, l’État français peut-il encore être le garant du processus de décolonisation imaginé il y a bientôt quarante ans ?

"Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes." Ce principe démocratique ne fait pas vraiment débat. Pourtant, dans cette phrase si souvent scandée dans l'Histoire, un mot constitue un noeud gordien : "peuple". Comment le définir ? Ou plutôt comment en déterminer les contours ? Qui en fait partie ? Qui n'en fait pas partie ? Les émeutes en Nouvelle-Calédonie, provoquées par la réforme constitutionnelle du corps électoral, donnent à ce sujet vieux comme la politique un caractère brûlant.

Même si un semblant de calme est revenu à Nouméa, la fracture entre les indépendantistes et les autorités de Paris, aggravée par les violences des jours précédents, n’est pas près de se refermer. L'article se conclut par l'interview de Shubhamitra Das, universitaire indien spécialiste de la zone sud-Pacifique qui déclare au magazine "Down to Earth" (New Delhi) : "La colonisation est responsable de la crise".

Les indépendantistes sont arrivés en tête dans les urnes lors des élections législatives. Emmanuel Macron vient d'annoncer le report d'un an des élections provinciales.

Les Néo-Calédoniens doivent se prononcer ce 12 décembre 2021, lors d'un nouveau référendum, sur l'indépendance de l'archipel. En coulisse, la Chine est soupçonnée de manoeuvrer en faveur du séparatisme. Pour mettre la main sur la région.

L'histoire est celle d'un caillou en équilibre sur un fil. Le caillou, c'est la Nouvelle-Calédonie, archipel qui doit son surnom, entre autres, à la richesse de ses sous-sols. Le fil, c'est celui sur lequel avance, depuis 1946, tel un funambule, le processus de décolonisation. Réactivé en 1988 par les accords de Matignon, il devait s'achever trente ans plus tard... Nous y sommes. En novembre, les Calédoniens se prononceront sur l'indépendance. En attendant, le territoire reste "à décoloniser", aux yeux de l'ONU et dans les esprits.

Les émeutes sur l'île, commanditées et organisées, posent la question de la défaillance des services de renseignement. Une commission d'enquête parlementaire est envisagée.

"Les Calédoniennes et les Calédoniens ont choisi de rester français. Ils l'ont décidé librement. Pour la Nation entière, ce choix est une fierté et une reconnaissance. Ce soir, la France est plus belle, car la Nouvelle-Calédonie a décidé d'y rester." Le 12 décembre 2021, le président de la République Emmanuel Macron se réjouit manifestement des résultats du troisième référendum d'autodétermination organisé dans l'archipel... en faisant fi de la non-participation de 90 % des Kanak au scrutin !