« La Constitution de 1958 et le passage du temps » a inspiré à l’historien Nicolas Roussellier l’hypothèse d’une « évolution de plus en plus "présidentialiste" dans le mauvais sens du mot, de moins en moins favorable au rôle de discussion des assemblées parlementaires et de plus en plus orientée vers une concentration illibérale des pouvoirs ». N’y serions-nous pas déjà sérieusement engagés ?

La Ve République, imaginée par de Gaulle pour lui-même, lui a survécu. Plus souple que prévu, elle a aussi résisté à l'alternance et aux cohabitations. Mais son caractère monarchique ne cessé de se renforcer.

Pierre Avril revient sur les conséquences pour le système institutionnel de l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République.

Sous la bannière faussement univoque d'une nouvelle ou "6e" République se distinguent deux options constitutionnelles qui prétendent l'une et l'autre s'attaquer au présidentialisme débridé de nos institutions. La première veut conforter le pouvoir présidentiel face au Premier ministre dans le cadre d'un régime présidentiel "à la française", lorsque la seconde voudrait le neutraliser sur le modèle des régimes primo-ministériels européens.

Selon l'historien Patrick Weil, l'excès de présidentialisme bloque la "régulation des débats et des conflits". Et les oppositions devraient engager sans attendre un travail pour rééquilibrer la Constitution.

Dans "L'Orléanisme. La ressource libérale de la France", Gabriel de Broglie définit l'esprit et la philosophie politique issus des cadets de la maison de France : ils sont marqués par l'individualisme (mais pas par la préférence pour l'anomie ni l'égoïsme), par un attachement à la liberté de la pensée (car ce qui n'est pas pensé librement n'a pas de valeur), par l'utilité de la critique (conçue comme méthode au service de la vérité), et enfin par les vertus de la délibération publique (considérée comme une pratique visant l'accord, l'harmonie sociale).