Resté en Colombie, le frère a survécu à la guerre. Après avoir connu la prospérité, sa soeur exilée au Venezuela souffre des émeutes et de la pénurie. Histoire des Peluffo, une famille ballotée entre deux pays voisins.

La situation économique et sociale du Venezuela s'aggrave, en 2018. Le PIB du pays a chuté de 44% en 5 ans. Le déficit budgétaire atteint 18% du PIB, l'inflation devrait dépasser la barre des 10 000 % en 2018, et la dette extérieure est évaluée à 150 milliards de dollars. L'économie du pays, pourtant riche de pétrole, a basculé dans les années 2013-2014, sous l'effet de l'effondrement du prix du baril et de l'investiture de Nicolas Maduro. Dépourvu d'industrie manufacturière et d'agriculture, le pays a également subi la pénurie soudaine de devises.

Confrontés à la pénurie de produits de première nécessité, les Vénézuéliens quittent en masse leur pays, en proie à une grave instabilité économique et politique.

Près de dix ans après son effondrement économique, le pays renoue avec la croissance et sort de son isolement diplomatique. Mais les disparités de revenus n’y ont jamais été si criantes.

Le début de l’année est typiquement la période des révoltes et des bouleversements au Venezuela. Cette année pourtant, le calme semble régner dans un pays devenu un symbole d’échec économique, de répression et de migration massive. Serions-nous revenus à la normale ? On serait tenté de le croire, vu l’étrange vague de prospérité qui déferle sur les quartiers aisés de Caracas, où supermarchés et autres commerces regorgent à nouveau de produits importés et où les magasins de luxe, les restaurants haut de gamme et les centres commerciaux connaissent une seconde vie.

À l’approche de la présidentielle du 28 juillet, l’opposition, qui se présente unie, part favorite. Mais rien n’est joué.

A mesure que le Venezuela, ces dernières années, s'enfonçait dans le chaos, ses habitants ont fui le pays de plus en plus nombreux. Les migrants de la première vague étaient partis en avion. Les suivants ont pris le bus. Ceux d'aujourd'hui marchent. Certains partent, d'autres rentrent. Rencontre avec ceux que l'on appelle les "caminantes" du côté colombien de la frontière.

Sur 30 millions de Vénézuéliens, ils sont déjà 6 millions à avoir quitté leur pays depuis 2014. Beaucoup s'aventurent, à pied, dans la montagne, pour gagner Bogota en suivant la Route 55. Nous avons fait le chemin en sens inverse, pour aller à leur rencontre.

Depuis 2016, l'Etat vénézuélien distribue à six millions de foyers un ensemble de produits de première nécessité. Un colis compliqué à récupérer.

Le dictateur Nicolas Maduro a ruiné l'eldorado pétrolier et trafiqué le résultat de l'élection présidentielle. Reportage dans un pays au fond du gouffre.