Voulons-nous laisser nos machines "intelligentes" nous remplacer purement et simplement à la surface de la Terre ? Voilà la question (sérieuse) que pose Paul Jorion, anthropologue et sociologue, dans "Défense et illustration du genre humain". Dans notre course à la survie immédiate, n'aurions-nous pas déjà renoncé à assurer un avenir au genre humain ? C'est la crainte qui motive l'auteur à lancer cette seconde alerte après "Le dernier qui s'en va éteint la lumière" (cf. l'article de Frédéric Spinhirny dans la "NQL" n°1153 du 16 juin 2016).

Le «progrès» est un de ces mots magiques qui n'appellent a priori que le consensus et dont les ennemis, s'il s'en déclare, sont immédiatement suspectés de quelque dessein inavouable. En mai 2018, le président Macron a donné, lors d'un entretien pour le magazine Forbes, sa vision du progrès, éminemment technologique, notre« horizon indépassable». Quelques semaines plus tard, nous apprenions que la Terre venait de franchir le "jour de dépassement" : l'humanité avait consommé toutes les ressources que la planète peut renouveler en une année. Nous n'étions que le 1er août...

Eric Sadin est aujourd'hui l'un des grands observateurs du numérique. De « L'Humanité augmentée » (2013) à « La Silicolonisation du monde » (2016), il a décrit les dangers sociaux, éthiques et politiques de la « techno-idéologie ». Son dernier essai,« L'Intelligence artificielle ou l'Enjeu du siècle », suit et dénonce avec passion l'invasion de nos vies par les algorithmes de l'intelligence artificielle, certes encore faible, mais déjà profondément perverse.

On dit beaucoup de choses sur l'IA. Bête ou surdouée, dangereuse ou miraculeuse, elle bouleverse nos existences. Quels en sont les acteurs ? Quels buts poursuivent-ils ? Avec quelle conception de l'humain ? "L'Obs" a mené l'enquête.

Psychiatre, docteur en psychologie habilité à diriger des recherches, chercheur associé au Centre de recherches psychanalyse, médecine et société à l’université Paris-Diderot, membre de l’Académie des technologies Serge Tisseron décrypte comment la technologie influence les modes de vie et les rapports humains. Il s'intéresse tout particulièrement aux robots conversationnels.

Les robots sont partout, mais pas où on le pense ! Loin des fantasmes de science-fiction, la nouvelle exposition permanente de la Cité des sciences et de l’industrie nous montre de vrais robots en action. Une visite interactive, qui permet de comprendre le fonctionnement et les enjeux de ces machines fascinantes.

Mickaël Berrebi est économiste et membre de l'Institut des actuaires. Avec Jean-Hervé Lorenzi et Pierre Dockès, il vient de publier "La nouvelle résistance, face à la violence technologique" aux Editions Eyrolles (2019). Interview.

L’efficacité spectaculaire que l’intelligence artificielle (IA) a acquise en fait un enjeu majeur pour la société, qu’elle transformera rapidement. Mais il reste difficile de prédire la profondeur et la vitesse des bouleversements à venir : si l’ambition des experts a évolué en matière de technologie et de stratégie, le monde politique doit s’en emparer avec détermination. La sagesse est d’observer et de favoriser les expérimentations, de former les jeunes et de familiariser l’ensemble de la population avec les nouveaux enjeux.

Il s’agit dans cet article d’exposer les traits caractéristiques fondamentaux du projet transhumaniste, de le distinguer soigneusement du posthumanisme, qui repose sur l’hypothèse de la possibilité de parvenir un jour à une intelligence artificielle forte, puis de discuter, en admettant que cela soit possible, des avantages éventuels que pourrait avoir pour nous l’allongement de la vie.

A l'heure des « fake news », du réchauffement climatique et de l'intelligence artificielle, nous devons miser massivement sur une science de la cognition et des comportements humains. Une chance, nous l'avons : il s'agit de la psychologie – scientifique !

Dans la tradition de l’Ecole de Francfort, le philosophe canadien soutient qu’Internet et les réseaux sociaux rendent possibles de nouveaux modes de résistance au capitalisme technologique.

L’histoire de l’humanité est en grande partie celle de ses inventions dont le rythme, lent et étalé sur des centaines de milliers d’années, n’a cessé de s’accélérer jusqu’à passer à un rythme annuel, sinon journalier, puisque nous subissons sans cesse la tentation d’acquérir des objets nouveaux censés nous être indispensables !