Tony Blair a fait si peu de promesses qu'il lui sera diffile de décevoir les électeurs. Et pour l'heure, c'est l'euphorie dans les rangs travaillistes comme dans tout le pays, car après dix-huit ans de thatchérisme, le Labour rassure les Britanniques.

Aux élections du 1er mai, il ne s'agira pas seulement d'un duel entre John Major et le "jeune loup" travailliste, mais bien, quoi qu'on dise, d'un affrontement entre deux projets de société.

En anticipant la date des élections législatives, M. Anthony Blair espère empêcher l'érosion de sa popularité. Le 5 mai 2005, les Britanniques vont se prononcer à la fois sur le bilan social des travaillistes et sur leur politique étrangère, plus proaméricaine que jamais depuis l'engagement en Irak.

Après treize années de New Labour, la Grande-Bretagne tourne le dos aux travaillistes mais voit s'installer un gouvernement de coalition (conservateurs, libéraux démocrates) dont l'avenir est incertain. Une coalition est-elle compatible avec les institutions britanniques, où la part de l'implicite est grande, en l'absence de constitution écrite ? Vernon Bodganor, un des meilleurs spécialistes de la vie politique outre-Manche, pense, à l'encontre de nombreux analystes, que la coalition peut durer et présente même des atouts dans le contexte de crise financière et budgétaire.

Faute d'adversaire à sa mesure, il est difficile d'imaginer une défaite du candidat travailliste. Pourtant le leader du New Labour, usé par le pouvoir, déconsidéré par ses mensonges, risque de ne pas disposer de la majorité nécessaire pour poursuivre ses réformes.

Pour la première fois, la campagne électorale britannique est dominée par les nouvelles technologies. Militants de tous bords rivalisent de créativité sur la Toile et insufflent un air moqueur au débat politique.

Le 6 mai 2010, les Britanniques sont appelés aux urnes. La percée des libéraux-démocrates fait souffler un vent nouveau sur le paysage politique, usé par le bipartisme et treize ans de pouvoir travailliste. En marge d'un combat incertain, la société fait preuve d'un dynamisme surprenant. Portrait d'un pays en plein renouvellement.