Les syndicats de chercheurs ont manifesté leurs craintes de voir le CNRS se démanteler. L'autonomie de l'organisme de recherche serait-elle remise en cause ?

Perte de prestige, crédits en berne, embauches au compte-gouttes : la recherche publique française est aujourd'hui en crise. Toute ? Non. Soutenus par leur investissement dans l'Europe de la recherche et ses grands projets, les astrophysiciens semblent encore tirer leur épingle du jeu. Mais pour combien de temps ?

Le terme de "grand gâchis", quand on se réfère à la science en France, résume bien la pensée d'un certain nombre d'experts de la recherche publique. Pour contribuer au débat sur ce sujet, Rémi Barré a choisi de faire écho à l'ouvrage d'Olivier Postel-Vinay, très représentatif de ce courant de pensée.

Lors du conseil européen de Lisbonne, en mars 2000, l'Union européenne s'est fixée pour objectif de devenir, d'ici 2010, "l'économie de la connaissance la plus dynamique et la plus compétitive du monde". A cet effet, les dirigeants européens ont estimé nécessaire que les dépenses de recherche-développement soient augmentées pour atteindre 3% du produit intérieur brut (PIB).

Jean-Jacques Salomon dénonce ici avec vigueur le mépris avec lequel est traité, en France, la recherche scientifique ; il dénonce son manque de moyens et les dangers que cela présente pour l'avenir à moyen et à long terme. Mais il va plus loin et propose un véritable plan pour relancer la recherche, le développement et l'innovation, en soulignant qu'il ne suffit point de lui allouer plus d'argent mais qu'il faut aussi réformer en profondeur l'organisation de la recherche ainsi, du reste, que le modèle français d'éducation.

La fin de l'année 2003 et cette année 2004 ont été marquées, en France, par un mouvement de grande ampleur des milieux de chercheurs, mettant en avant les risques profonds de régression en cas de non-réforme du système de recherche.

Ainsi que nous l'avions annoncé en juin dernier, "Futuribles" prolonge la réflexion engagée avec Jean-Jacques Salomon sur l'avenir de la recherche en France.

Les lecteurs de "Futuribles" sont bien au fait des débats en cours sur la politique (ou l'absence de politique) en matière de recherche et développement en France, notamment en raison de la large place que nous avons accordée à cette question dans nos colonnes.

Pierre Piganiol souligne, dans son propre article (p.5 de ce numéro), la nécessité d'une réflexion prospective au service de l'élaboration d'une politique nécessairement à long terme de recherche et développement.

Suite au mouvement de colère des milieux de la recherche française, au printemps 2004, "Futuribles" a ouvert ses colonnes à plusieurs reprises, de juin à décembre 2004, au débat sur la réforme du système de recherche français.

Première Française récompensée par le prix Nobel de médecine, Françoise Barré-Sinoussi revient sur les circonstances de la découverte du virus du sida, il y a vingt-cinq ans.