Une angoisse nous hante : être en retard. Nous vivons notre vie quotidienne, notre travail, l'éducation de nos enfants, et même nos vacances dans une telle crainte du retard que nous finissons par être en avance sur tout, par tout anticiper, et par fabriquer tant de précocité que le sentiment de vivre nous abandonne. Nous avons perdu le sentiment du temps, et avec celui-ci le sentiment de notre existence. Ce livre nous montre qu'il n'est pourtant pas difficile à retrouver. Être en retard, c'est faire l'école buissonnière, prendre des chemins de traverse, ne pas aller droit au but ; c'est introduire d'infimes variations qui peuvent faire dérailler les rouages bien huilés de nos vies trop machinales. C'est finalement vivre. Face aux valeurs dominantes de nos sociétés modernes - fluidité, flexibilité, urgence et vitesse - et aux pathologies qui en découlent, le retard, un « laps » de temps qui nous permet de ressaisir notre condition temporelle, devient une véritable stratégie de résistance.Maîtresse de conférences, Hélène L'Heuillet enseigne la philosophie politique et éthique à Sorbonne Université. Elle est notamment l'auteure aux éditions Albin Michel de Du voisinage et Tu haïras ton prochain comme toi-même.

La vie ordinaire efface le temps perdu: il faut travailler pour vivre, et pour que l'ordre social se maintienne. Perdre son temps devient alors une forme de sabotage. Raison pour laquelle nous ne parlons pas de ce temps que nous perdons; raison pour laquelle aussi le langage ordinaire se prête mal à décrire le temps perdu. On risque donc ici l'éloge de l'inactivité. En faisant redécouvrir plusieurs façons de perdre son temps: la mélancolie, le divertissement, la pane, la procrastination, la flânerie, l'ennui, la rêverie, la cigarette... mais en constatant également que toutes ces expériences ne sont pas celles de ce temps "volé", "dérobé", "tué", que définit plus précisément le verbe "trainer".

Le physicien s'appuie sur des philosophes, des scientifiques ou encore des poètes pour apporter une théorie sur la variation de l'écoulement du temps et de sa perception. ©Electre 2020

Même s'il est destiné à tout "honnête homme", l'ouvrage fait appel à des notions pas toujours faciles à appréhender. Les notions d'entropie, de désordres et de chaos font référence à des raisonnements précis et à un vocabulaire particulier. Sa lecture demande un effort non négligeable, mais comme les autres livres du Prix Nobel de chimie, il fait le point d'un domaine précis, ici sur la place du temps dans les sciences.

Professeur au Collège de France, l'auteur livre sa vision personnelle du temps, dont la maîtrise est devenue essentielle dans la société contemporaine. Il expose les dangers du temps dans des domaines tels que l'industrie, les télécommunications, la musique et l'informatique, et aborde les expressions du parler ordinaire relatives aux choses du temps.

En examinant ce que veut dire perdre son temps, l'auteur s'interroge sur la notion même du temps.