De cette vaste enquête sur le christianisme et les premiers chrétiens - fruit de sept ans de travail, d'une grande culture et d'une intelligence aiguë -, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle laisse perplexe car c'est, somme toute, une histoire ahurissante. Certes, conclut l'auteur sans fausse modestie, « j'ai appris beaucoup de choses en l'écrivant, celui qui lira en apprendra beaucoup aussi, et ces choses lui donneront à réfléchir : j'ai bien fait mon travail ». Incontestablement il a raison - mais encore ?

Ceux qui ont vécu une psychanalyse ou une psychothérapie d'inspiration plus ou moins freudienne s'accorderont sans doute sur ce constat : ils reconnaissent vite ceux qui sont passés par là. Dans son oeuvre, Emmanuel Carrère (est-il en passe de devenir notre grantékrivain ?) évoque fréquemment ses thérapies, et c'est toute sa vision du monde qui en semble marquée. Pour aller vite, Carrère est constamment en train de lutter contre des « résistances » en lui. C'est ce qui le rend si attachant et déconcertant.

C'est l'un des chocs de cette rentrée. Entre fresque historique et réflexion théologique, Emmanuel Carrère remonte aux sources du christianisme. Un chemin vertigineux où les apôtres croisent l'écrivain d'aujourd'hui mais aussi l'ex-catho pétri de doutes. Son "Royaume" est bien de ce monde.

Le roman qui a renouvelé la littérature de fait divers en France, "L'Adversaire", ou le scandale d'un écrivain qui cherche à saisir les contours d'un monstre.