Il a 77 ans, on le disait meurtri, fatigué, et son élégante silhouette se voyait plus souvent dans les palaces de la jet-set que dans les bureaux de Fiat. La mort tragique de son neveu, héritier présumé, semblait marquer la fin d'un pouvoir familial sur le premier groupe privé italien. Et pourtant c'est bien Giovanni qui, contre l'avis des autres actionnaires, vient d'écarter Cesare Romiti, celui qui à la tête de Fiat s'efforçait de faire oublier les Agnelli...

L'arrivée de Cesare Romiti à la tête de la première entreprise italienne a été saluée comme une victoire du management. Erreur. Il ne s'agit sans doute que d'un intermède judiciaire.

Au dernier étage du Lingotto, l'ancienne usine Fiat à Turin, l'architecte Renzo Piano vient de construire un petit bâtiment destiné à abriter les chefs d'oeuvre de la collection Agnelli.

Fuites organisées, suspicion de manipulations boursières, contexte italien délétère. A quoi jouent Giovanni Agnelli, Mediobanca et la Banque Lazard ?

Il ne s'agit pas d'une de ces crises, violentes mais passagères, comme en ont connu tous les constructeurs automobiles. Car c'est après des années de déclin que Fiat Auto s'effondre.

La branche automobile de Fiat traverse une crise qui pourrait la précipiter dans les bras de General Motors, ou lui être fatale.

John Elkann, le successeur de Gianni Agnelli, est jeune et riche. Mais il doit régler les problèmes d'un groupe plombé par une dette de 34 milliards d'euros. Et des autos qui ne se vendent plus.

Sauver le groupe automobile en perte, redresser l'image du made in Italy, le programme de Montezemolo, le nouvel homme fort du capitalisme italien, opposant de Berlusconi, est rude. Portrait.

Il y a cinq ans le nł1 mondial était prêt à faire des folies pour racheter le leader italien. Mais aujourd'hui, il va débourser des milliards de dollars pour s'en débarrasser. Tous les deux ne cessent de perdre des parts de marché et accumulent les pertes en Europe. Le géant américain s'est pris les pieds dans le tapis piémontais.

Sergio Marchionne a ressuscité le constructeur automobile, mais la famille Agnelli est divisée sur l'avenir de la Fiat.

Régler le contentieux avec General Motors, réduire le dette, redynamiser l'activité automobile : c'est le triple défi du nouvel homme fort de Fiat. Bon courage, signore Marchionne !