Issu d'un colloque qui s'est tenu en 2022, ce dossier est consacré à la modernité orientale dans les domaines littéraires et artistiques. Les contributeurs examinent comment la conception de la modernité occidentale a été transférée et reçue en Asie orientale, la place des traditions et des conservatismes, ainsi que l'héritage de la langue et de la culture chinoises. Sommaire. Modernités en Asie orientale (Chine, Corée, Japon, Vietnam), avant-propos. CADRE THEORIQUE. Dix thèses sur la modernité en Asie orientale. DYNAMIQUES INTRA-ASIATIQUES. Huang Zongxi (1610-1695), penseur des Lumières ?

Pierre-François Souyri en a fait la remarque : tandis que le Japon de Meiji avait choisi, pour se décrire, un néologisme d’origine chinoise ("bunmei kaika", « les lumières »), de nos jours la mondialisation est désignée par un terme emprunté à l’anglais ("gurobaru-ka", « globalisation »). Voilà illustrée la place singulière du Japon, pris entre discours eurocentriste et discours postcolonial, sans relever d’aucun. Ni puissance européenne, ni nation colonisée, le Japon a en quelque sorte préféré la rivalité à la soumission et l’identification à l’assimilation.

Décidément, il en va des littératures comme des jeunes bretteurs selon Corneille : leur valeur n'attend pas forcément le nombre des années. Comme la littérature russe, la littérature japonaise est récente : son acte de naissance renvoie à la fin du XIXe siècle, même si les écrivains nippons ne l'ont pas attendu pour créer. "Le Dit du Genji", roman de cour attribué à l'écrivaine Murasaki Shikibu, remonte au début du XIe siècle, et il est même antérieur à notre Chanson de Roland. Mais il a fallu huit siècles pour que cette littérature trouve une unité.

Son roman "Le Beurre de Manako" est un phénomène de librairie outre-Manche. Elle appartient à une nouvelle génération d’écrivaines nippones que les Britanniques découvrent aujourd’hui, parfois avec un temps de retard sur les lecteurs français.