Les familles de ces ouvriers morts sur les chantiers du Mondial de football qatari dénoncent l’absence de compensations et le déni des employeurs.

Cinq accidents de travail graves, sur les sites du Grand Paris Express et des Jeux olympiques, s’ajoutent à une liste déjà longue.

Deux ans et demi après le décès de João Baptista Fernandes Miranda sur le chantier de la gare Saint-Denis-Pleyel, le parquet de Bobigny a décidé de poursuivre une entreprise sous-traitante, Sampieri Construction, et deux de ses responsables pour homicide involontaire.

En 2022, cet agent d'entretien mauritanien trouvait la mort alors qu'il nettoyait les sous-sols du Palais-Bourbon. Un an plus tard, son fils, Boulaye Sylla, 25 ans, quittait son village et arrivait clandestinement en France afin d'obtenir les indemnités d'assurance dues à sa famille. Si l'aspect financier est aujourd'hui débloqué, la lumière sur l'accident est, elle, loin d'être faite.

« Des températures supérieures à 39°C peuvent tuer. » En 2019, l'Organisation internationale du travail actait les effets du changement climatique dès la préface de son rapport « Travailler sur une planète plus chaude ». Un peu plus loin, l'agence onusienne appelait « le monde du travail à s'adapter au stress thermique ». Mais les réglementations contraignantes sont encore rares. En France, il n'existe aucune température limite au-delà de laquelle des aménagements sont obligatoires. Dès lors, soumis au bon vouloir de leurs employeurs, les travailleurs triment sous un soleil de plomb.

« L’Histoire de Souleymane », de Boris Lojkine, évoque la condition de livreur clandestin. « Au boulot ! », de Gilles Perret et François Ruffin, confronte une grande bourgeoise pleine de certitudes aux femmes qui tiennent debout le pays pour un smic. Le succès en salles de ces longs-métrages suggère une attention nouvelle aux réalités du travail, sa précarité ou ses dangers.

Il arrive que des accidents du travail ne soient pas déclarés : par ignorance ou par crainte des conséquences sur l'emploi côté agents, par intérêt économique côté employeurs ou par méconnaissance des conditions de travail côté médecins.

Accidents du travail, arrêts de maladie, inaptitudes ... Ces données, quand elles sont suivies régulièrement, permettent de détecter les problèmes de santé au travail des agents et de développer la prévention.

Les acteurs de la prévention dans le monde du travail souhaitent intervenir plus tôt, notamment dans les collectivités. Pour eux, il s'agit de faire de la prévention primaire, c'est-à-dire détecter les maux avant qu'ils n'arrivent, et non plus secondaire ou tertiaire, c'est-à-dire soigner les maux qui sont déjà arrivés. La problématique devient essentielle face à la hausse du nombre d'arrêts de travail dans la fonction publique : +26 % entre 2007 et 2015. Les agents, notamment ceux approchant de la retraite, ne sont souvent pas assez avertis des risques musculosquelettiques qui les menacent.

Les facteurs de risques professionnels, de nature très variée, pèsent sur la santé des travailleurs. Le corps médical dans son ensemble joue un rôle majeur dans l'accompagnement des patients en pensant à l'éventualité de l'origine professionnelle d'une pathologie