Après un Mitterrand retors et face à un Chirac plombé par les affaires, Jospin incarne, à juste titre, la vertu. Seulement voilà : la vertu, de nos jours, se vend mal. Petite chronique irrespectueuse d'une métamorphose.

Jospin et son conseiller spécial ne sont d'acord que sur un point : l'Elysée revient au premier. Mais pour s'imposer à Matignon, Fabius mène en solitaire sa propre campagne.

Le Pen avant Jospin ! Dimanche noir qui a vu le champion de l'intolérance, de la xénophobie et de l'exclusion entraîner derrière lui la France de la peur, l'armée déboussolée des sans-espoir.

A la biographie-portrait publiée à l'automne dernier par notre ami Claude Askolovitch ("Lionel", "Grasset"), il manquait un chapitre en forme d'épilogue qui pourrait s'intituler "Le rendez-vous manqué", ou encore "Chronique d'une déroute impossible". Ce chapitre, le voici.

Si le pays connaît une vrai crise, "l'hypotèse Jospin" retrouvera une actualité. Selon son ami, ce n'est pas lui qui dira : je reviens. C'est le pays qui lui dira : il faut que tu reviennes.

Ils se sont connus en 1964, mariés en 1973, séparés en 1989. Pour la première fois, Elisabeth parle de Jospin.

Retraité, le candidat malheureux du 21 avril 2002 ? Pas si sûr. Si les dirigeants et les militants socialistes paraissent avoir tiré un trait sur lui, les électeurs de gauche, eux, ne l'enterrent pas.

Il ne revient pas. Mais il parle. En patron. Il accuse. Beaucoup les autres. Et un peu lui-même. Alors, en réserve ? Fidèle à lui-même, il laisse ses fidèles dans l'interrogation.

Si l'ancien patron des socialistes parle et prend Chirac pour seule cible, c'est parce qu'il croit que le quinquennat s'achèvera dans le chaos.

Tandis que le PS se déchire sur l'Europe, il rend hommage au courage, parie que Fabius finira par dire oui et pense plus que jamais que, pour gagner en 2007, il n'y en a qu'un : Jospin.

Les répercussions du texte de Lionel Jospin dans "le Nouvel Obs" n'ont pas fini de faire du bruit à l'intérieur du PS. Curieusement, les partisans du non ne sont pas les seuls à être embarrassés par le spectaculaire retour en force de l'ancien Premier ministre...

La France est déboussolée. La gauche se déchire. Le PS est au bord de la crise de nerfs. Jospin retrouve un rôle. Aujourd'hui, de tuteur. Demain, de leader ?