L'un est président de la République, l'autre chef d'une Assemblée dissoute par le premier. Ils se sont engagés dans un bras de fer dont l'issue devrait décider de leur avenir politique.

La nouvelle Union de la gauche ne signe pas le retour des bolchéviques, mais elle ne s'inscrit pas non plus dans la lignée du Front populaire. Oscillant entre un renouveau social bienvenu et le gauchisme le plus furieux, elle devra, avant d'espérer durer, démontrer son efficacité électorale les 12 et 19 juin 2022, lors des législatives.

Ces législatives dont les Français se désintéressent marquent pourtant une étape cruciale de la recomposition politique française, avec des choix structurels à la clé. Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont tenté d'enjamber ce scrutin, Jean-Luc Mélenchon les en a empêchés. Sommaire. Les élections les plus importantes depuis quarante ans. Le choc des trois blocs. Quels députés dans la nouvelle Assemblée : les indispensables... et les dispensables.

Un mois après la naissance de la Nupes, il nous arrive encore de nous réveiller, le matin, envahi par une de ces bouffées heureuses, mélange d’aise et d’optimisme incrédule qui chassent l’emprise d’un mauvais rêve. Celui qu’a durablement entretenu la désunion crasse, les calculs boutiquiers, les manoeuvres d’ego au sein des écuries politiques. Certes, par le passé, nous avons vécu des alliances, parfois même durables, entre la gauche et l’écologie.

Il faudra plus d’un lendemain de soirée électorale pour mesurer l’onde de choc qui a traversé le paysage politique français le 19 juin. La recomposition des forces en présence a été – en bien des points – spectaculaire, avec le succès (relatif) de la Nupes, portée par LFI, et une percée du RN, massive et inédite. L’échec du parti présidentiel, tout juste rebaptisé Renaissance, est lui cuisant, même si l’appoint du Modem et d’Horizons, la formation d’Edouard Philippe, le masque un peu.

En pleine campagne législative, Emmanuel Macron et son gouvernen1ent ont donné le sentiment d'un pouvoir à l'arrêt.

L’actuelle majorité présidentielle poursuit sa stratégie de l’esquive entre les deux tours. Mais n’incite pas à la confiance quant à ses intentions réelles.

Il avait enjambé la présidentielle et voulait appliquer la même méthode pour les législatives, en maintenant un épais brouillard sur le cap de son second mandat. Emmanuel Macron en paye le prix : après un premier tour marqué par une abstention record, sa majorité est d'ores et déjà fragilisée. Or, plutôt que de se résoudre à entrer dans la confrontation démocratique, les macronistes préfèrent multiplier les attaques caricaturales et pas forcément efficaces contre l'alliance de gauche.

Le président de la République n'est pas présent lors des débats et des votes à l'Assemblée nationale et au Sénat. Il peut néanmoins adresser des messages qui sont lus devant les parlementaires et, depuis 2008, s'exprimer en personne devant les deux assemblées réunies en Congrès. Retour sur les évolutions et usages de la Constitution concernant les échanges entre le président de la République et le Parlement.

Tous les bulletins de vote de la Nupes ne se reconnaissent pas forcément dans les fantaisies programmatiques et communautaristes de leur chef Mélenchon, mais tous témoignent de leur attachement à un camp. Dans les têtes, le bon vieux clivage gauche-droite est toujours là. C’est l’enseignement majeur que les équipes élyséennes devraient tirer de leur déconvenue dans les urnes – en recul sur le score de la présidentielle.

Le nouvel équilibre politique issu des législatives entrave les pouvoirs d’Emmanuel Macron. Le gouvernement devra revoir ses ambitions en fonction des majorités qu’il parviendra à arracher.

Comme nous l'avions pressenti, ces législatives prises bien trop à la légère par Emmanuel Macron et sa majorité ont ouvert un cycle inédit, avec une Assemblée nationale divisée en trois blocs rendus indépendants par l'affaissement du front républicain, un RN plus puissant et "normalisé" que jamais, une Nupes dont on a du mal à évaluer l'espérance de vie et un président forcé par les citoyens à se réformer. Le tout sur fond de sécession civique de plus de la moitié des électeurs.