Une collaboration de poi(d)s avec la Japonaise Yayoi Kusama, un nouvel espace d’exposition à Paris… Le numéro un mondial du luxe accentue encore son lien avec les plasticiens, initié au début des années 2000. Une relation dont tout le monde sort gagnant.

Signe des temps, le groupe pétrolier Total vient de renoncer à figurer parmi les sponsors des JO 2024, à Paris, où sa présence n’était pas bienvenue. Une éviction qui en rappelle d’autres dans le monde de l’art. Accusée d’avoir prospéré grâce à un funeste opioïde, la famille Sackler a ainsi vu ses dons refusés par les institutions culturelles américaines comme le Guggenheim. En Europe aussi, les musées sont priés de faire le tri. Mais, face à des subventions publiques en berne, difficile de renoncer à cette manne.

Visites en avant-première, dîners fins, conférences privées... tous les moyens sont bons pour bichonner les membres des sociétés d’amis des musées français. Pas question de laisser filer ces précieux donateurs, devenus indispensables pour financer la rénovation d’un bâtiment ou acquérir une oeuvre convoitée. Même si certains de ces mécènes sont parfois plus motivés par le réseautage que par l’amour de l’art.

Un salon à restaurer, une toiture à refaire, un jardin à rafraîchir. Pour boucler son budget, le château a de plus en plus recours à des mécènes. Après l’industrie et la finance, le luxe joue les donateurs. Car les grandes maisons ont bien compris l’intérêt d’associer leur image à l’une des plus prestigieuses institutions françaises.

Chaque année, la Fondation d'entreprise Ricard organise, en marge de la FIAC, le dîner de son Bal jaune, qui réunit quelque 200 invités.

Collaboration entre Le Louvre et Louis Vuitton, exposition Chanel au Palais de Tokyo... Comme dans les pays anglo-saxons, les musées français nouent désormais d'étroits partenariats avec les maisons de luxe. Un moyen pour ces dernières de profiter du prestige des institutions, qui soignent ainsi leurs mécènes et dynamisent leur image. Avec, en suspens, la question de l'intégrité.

Longtemps discret, le collectionneur Edouard Carmignac a fait son entrée dans le monde du mécénat. Portrait d'un franc-tireur.

L'écrin parisien imaginé par Frank Gehry accueille jusqu'en juillet 2015 plus de soixante oeuvres majeures de l'art moderne dont certaines sont rarement prêtées. Une façon pour les musées de renvoyer l'ascenseur à l'un de leurs plus fidèles mécène.

Subventions en berne, dispositifs fiscaux alléchants... En quelques années, la France a vu naître une pléiade de fondations à l'initiative d'entreprises ou de particuliers. Des lieux qui font des choix très ouverts et souvent différents des institutions publiques. Et offrent à leurs visiteurs un autre rapport à l'art.

A côté des grandes institutions publiques comme la Villa Médicis à Rome ont fleuri ces dernières années les résidences privées. Elles accueillent des artistes, jeunes pour la plupart, venus autant y travailler qu'étoffer leur CV et nourrir leur réseau. Un nouveau type de mécénat, aussi discret qu'élitiste, qui n'échappe pas aux logiques du marché de l'art.

L'association 350.org a lancé le 13 janvier 2017 une pétition en ligne appelant le musée parisien à boycotter l'un de ses principaux mécènes, le groupe pétrolier Total.