Le stratagème du Florentin Filippo Brunelleschi permettait de voir le baptistère comme s'il était réellement là, en regardant le tableau dans un miroir à travers un trou percé dans le panneau de bois.

Porte ouverte sur l'infini, l'art enrichit sans cesse notre imaginaire. Un vertige nous saisit à l'écoute des variations de Bach ou devant les dessins aux troublantes perspectives de Maurits Escher. Et nous nous perdons avec délices dans les jeux de miroir de l'écrivain Borges, dont l'oeuvre est truffée de dédales aux bifurcations innombrables... De Bach à la techno, quand la musique tourne en boucles. L'art et la science de regarder le monde autrement. Babel ou la bibliothèque infinie. La caméra explore l'espace-temps.

On se trouve ici en effet au point d'intersection musical où le poème croise le roman tout comme Valéry trouvait à Degas la matière chantante d'un trait complètement délivré de toute "intention". L'exposition au musée d'Orsay commentée par Victor Claass nous en fait entendre la merveilleuse variation. Ici, la table de billard est le lieu où se produit "l'enchevêtrement des quadrilatères", Degas joue du pinceau comme de la canne : "le billard est un sport d'observation" auquel le peintre fait entendre sa musique propre.

Les artistes de la renaissance maîtrisent la perspective, en témoigne "La Flagellation", peinte en 1453 par Piero della Franscesca. L'artiste formalise les vases géométriques de cette discipline qui a marqué la rupture avec la peinture médiévale.

La découverte de la perspective a aussi été celle des jeux optiques. Ceux de l'anamorphose sont d'une infinie subtilité que les peintres illusionnsites explorent encore avec inventivité.

En 1500, paraît la première carte réalisée selon les principes géométriques de la perspective. D'une précision qui ne sera pas égalée avant des décennies, elle montre Venisse telle que personne ne l'avait imaginée auparavant : c'était quasiment une vue d'avion !

Les fresques d'Arezzo de Piero della Francesca illustrent les premières représentations en perspective des yeux : sous certains angles, ils ne sont pas en amande, mais les deux bords sont orientés ver le bas.

Comment donner sur ta feuille de dessin qui n'a que deux dimensions, la largeur et la hauteur, l'illusion de la profondeur ? Cette question a captivé les artistes à partir de la fin du Moyen Age, quand ils ont cherché à donner dans leurs oeuvres l'illusion parfaite de la réalité...