Peut-être bien que toute l'oeuvre du poète écossais Hugh MacDiarmid (1892-1978) se résume à une question de frontières. Celles, poétiques, qu'il voulut effacer et celles, politiques, qu'il s'efforça de tracer. Les critiques restent divisés sur la question de savoir s'ils peuvent se permettre d'ignorer son engagement nationaliste- en faveur de l'indépendance écossaise - et communiste quand ils abordent ses vers qui révolutionnèrent non seulement la poésie écossaise, mais aussi la littérature des îles britanniques, et au«là des mers, les littératures anglophones.

Dans "Larmes blanches", Hari Kunzru remonte aux origines du rock'n'roll. Une histoire sale et ensorcelante sur le pillage de la culture noire par les Blancs.

Depuis plusieurs années, Pascale Robert-Diard et Stéphane Durand-Souffland couvrent l'actualité judiciaire. Dans "Jours de crimes", ils livrent un kaléidoscope d"'extraordinaires instants d'humanité".

L'auteur d'"En finir avec Eddy Bellegueule" et "Histoire de la violence" signe un troisième roman coup de poing : "Qui a tué mon père". Edouard Louis ne pose pas la question, il accuse. Il connaît les coupables. Cinglant et bref, son texte est celui d'une urgence : à dire la violence sociale et son amour pour ce père détruit par elle, par le rapport dominants/dominés. Entretien avec un écrivain engagé.

Les habitants à poil et à plume du zoo de Rome sont, pour Pascal Janovjak, les témoins muets des grandes et des petites histoires de la Ville éternelle... et de l’humanité.

Plusieurs textes vampiriques entrent enfin en Pléiade, dont le fascinant "Dracula", et une découverte : "Le Sang du vampire" de Florence Marryat. Et si le vampire avait été, de tout temps, un vecteur de modernité ?

La poésie de Kirsten puise largement à des sources autobiographiques. Les Mémoires traduits en français sous le titre "Les Princesses au jardin potager" (Paris, Le Félin, 2012) manifestent l'enracinement de l'auteur en Saxe. Né en 1934 au petit village de Klipphausen, il appartient par ses origines à une communauté villageoise éloignée des grands centres de décision. Il n'en subit pas moins la crise des années qui ont immédiatement accompagné la Seconde Guerre mondiale (agonie du nazisme, défaite de l'Allemagne et débuts de l'ère communiste à l'Est).

Sur fond d'un mur gris où les ombres font des taches, entre un pot à eau ventru, resserré à la taille, et une casserole bleue montrant son ventre vide, au centre, un peu plus incertaine, moins brisée aux angles, sculpturale pourtant, une bougie suspend le triangle de sa flamme étrangement blanche au sommet d'un bougeoir aux boucles compliquées... Avec "La Casserole émaillée" de février 1945, Picasso donnait à voir la puissance des choses ordinaires, de ces présences muettes qui nous entourent et n'ont jamais cessé de retenir l'attention des hommes.

Cofondateur de la mythique "Paris Review", journaliste, acteur, trapéziste ou boxeur, George Plimpton publie, en 1977, "Shadow Box", autoportrait gorgé d'humour et d'élégance d'un "amateur professionnel".

Emprisonnée en Turquie, puis libérée, Asli Erdogan disait ne plus pouvoir écrire. Mais elle revient avec "Requiem pour une ville perdue" et transfigure le désespoir et la solitude en raison d'être, d'écrire.

De la Jérusalem antique au Moscou de l'ère stalinienne, le diable de Mikhaïl Boulgakov met à mal tous les dogmes. "Le Maître et Marguerite", une inépuisable et folle insolence.

A travers le portrait d'une ado harcelée sur les réseaux sociaux, Francesca Serra signe un premier roman pétri des grands récits antiques. Une réussite.

A 90 ans, John Le Carré signe le plus grand texte contre le Brexit et l'hypocrisie de l'Angleterre. Son vingt-cinquième roman, "Retour de service", est à lire d'urgence.

Cinquante ans après son premier roman, Don Delillo signe son texte le plus radical, "Le Silence", qui interroge notre soumission aux technologies en mettant en scène cinq personnages dans un New York plongé dans le chaos. Rencontre, au téléphone, avec un maître visionnaire de notre temps.

Dans son très beau "Le Nom secret des choses", Blandine Rinkel interroge les nécessités et les dangers d'une double identité. Et s'impose comme une écrivaine qui compte.

En cinq livres, Claire Messud s'est taillé une place de choix dans la littérature américaine. Avec "La fille qui brûle", elle s'attaque à la vie d'adolescentes dans une petite ville du Massachusetts. Et poursuit sa réflexion sur l'Amérique, la fiction, les autres.

Dans "Ce que je ne veux pas savoir" et "Le Coût de la vie", tout juste récompensés du Prix Femina étranger, l'autrice sud-africaine Deborah Levy livre un manuel d'affranchissement : de la forme littéraire, des injonctions sociales qui pèsent sur les femmes, et de sa propre réalité. Rencontre.

Pape du thriller français, DOA quitte les zones de guerre pour les clubs SM d'Europe de l'Est. Et cartographie, avec une audace toute sadienne, les zones d'ombre du contemporain.

Après un essai sur le destin des enfants migrants arrêtés à la frontière américaine, l'écrivaine mexicaine Valeria Luiselli intensifie son propos avec "Archives des enfants perdus". Un roman magistral et un violent réquisitoire contre cette "violence que les Etats-Unis ont imposée aux corps bruns".

Reporter du "New Yorker" à Paris dès 1925, c'est depuis New York, où elle retourne en 1939, que Janet Flanner écrivit les meilleurs textes sur la France occupée. Et ils n'ont pas pris une ride.