Italien acclimaté à la culture ibérique, Domenico Scarlatti a laissé avec ses 555 sonates un labyrinthe de son et d'humeurs qui enfreignit toutes les règles de composition de son temps. Brahms, parmi d'autres, fut fasciné par ces audaces, dont Albeniz, Granados ou Falla sauront aussi se souvenir. Pianistes et clavecinistes continuent aujourd'hui d'explorer les mystères de cet univers multicolore et obsessionnel, comme l'atteste l'intégrale marathon que propose cet été le festival de Radio France, dans toute la région Occitanie.

Le compositeur Olivier Greif nota dans son "Journal" :« Schubert est né et mort à Vienne, qu'il n'a pratiquement jamais quittée. Certains s'en étonnent. Mais, tel Kant à Königsberg, il aurait très bien pu ne point sortir de sa rue. On n'a pas besoin du monde, lorsqu'on en est le centre. » Le temps d'une nouvelle « Folle Journée », ce centre se déplacera à Nantes, étape décidément privilégiée sur les chemins de l'émotion schubertienne.

On beaucoup glosé sur le rapport conflictuel que Beethoven entretint avec le(s) pianoforte(s). « Que le géant parmi les pianistes », selon Vaclav Tomasek, ait sans cesse exigé des claviers plus perfectionnés rend passionnante l'écoute du répertoire sur les instruments d'époque, en constante évolution, irremplaçables pour en restituer la saveur. Déjà Scarlatti et Bach s'étaient épris des nouveaux vevenus, signés Cristofori et Silbermann, susceptibles de dynamiques "piano" et "forte".

Des compositrices médiévales à la jeune Camille Pépin, nombreuses sont les Occidentales qui ont manifesté des dons créateurs indéniables. Certains hommes n'ont pas craint d'appeler à leur mise à l'honneur: "Une tête féminine doit aussi décorer notre musée", déclarait Schumann dans sa revue musicale ; "Quand sera brisé l'infini servage de la femme [...] elle sera poète, elle aussi !" prédisait Rimbaud dans ses "Lettres du voyant". Redonner vie, une vie durable, à leur musique est l'enjeu actuel.

Femme et muse de Robert Schumann, Clara Wieck-Schumann est aujourd'hui célébrée pour ses dons exceptionnels et son propre parcours. Ayant recouvré son aura d'icône romantique, elle est l'unique compositrice à être identifiée dans le monde entier sur son seul prénom. C'est à cette artiste prodige que Schumann fit une déclaration inouïe : « J'ai entendu une nouvelle fois que nous devions devenir mari et femme. La postérité doit nous regarder comme un seul coeur et une seule âme. »