Partant du constat que "A la recherche du temps perdu" est le roman des déceptions, et continuant son analyse de l'imaginaire, du désir et du temps, N. Grimaldi étudie dans l'oeuvre de Proust les thèmes de la séparation de la conscience et du monde, du deuil du réel, des illusions de l'imaginaire, des contradictions du désir et des horreurs de l'amour.

La peste a été l'une des plus effrayantes maladies infectieuses de l'histoire : survenant en trois grandes pandémies successives depuis la peste de Justinien, jusqu'à la Peste noire du Moyen Âge et la peste en Asie et dans le monde entier dans les années 1880-1920, elle sévit encore de nos jours. Ses acteurs sont le bacille de la peste, Yersinia pestis, le rat noir, et l'homme, hôte accidentel. Ses conséquences démographiques et économiques ont été majeures tant en Europe qu'en Asie et dans le monde musulman. Elle a entraîné une profonde modification des mentalités, notamment religieuses, suscitant des interrogations eschatologiques et apocalyptiques, comme les flagellants. Elle est au moins partie à l'origine de l'épidémie de sorcellerie et de la Réforme, et a marqué l'art et la littérature jusqu'à nos jours.

Dostoïevski, Faulkner, Genet... S'il y a un domaine dans lequel le phénomène criminel fait l'objet d'un travail de compréhension, c'est bien celui de la fiction romanesque. Lorsqu'ils écrivent sur le crime, les romanciers procèdent selon une méthode empathique: ils s'efforcent de se mettre, par l'imagination, dans la peau du meurtrier. Cette tentative pour décrire de l'intérieur la psychologie criminelle est unique. Les écrivains n'ont aucune barrière morale, ils n'entendent par lutter contre un problème de société. Leur démarche n'est nullement normative: ils essaient seulement de cerner, par des mots adéquats, cette pulsion homicide qui appartient depuis la nuit des temps à la nature humaine.

Jean-Marc Moura, professeur de littérature à l'Université de Paris Ouest, est notamment l'auteur de Littératures francophones et théorie post-coloniale (PUF, rééd. « Quadrige » 2007), L'Europe littéraire et l'ailleurs (PUF, 1998), et La Littérature des lointains. Histoire de l'exotisme européen au XXe siècle (Champion, 1998

Ancien élève de l'ENS, directeur du Centre de recherche sur la lecture littéraire de l'Université de Reims, Vincent Jouve est notamment l'auteur de La littérature selon Barthes (Minuit, 1986), de L'effet-personnage dans le roman (PUF, 1992) et de La lecture (Hachette, 1993).

Procédant par analyse de moments ou duvres-clé, cet essai met en lumière la portée critique du jazz : critique esthétique des formes littéraires et musicales installées mais critique sociale aussi, dans la mesure où ces musiques sont portées par des gens qui, par leur manière dêtre dans la vie (Ph. Soupault), incarnent un type de relation au corps, à la loi alternatif à celui qui a cours dans la France daprès 1918 : ceux quAragon appelait les nègres de jazz . Les héros de ce livre sont donc des individus célèbres ou inconnus, intempestifs ou attendus, écrivains ou musiciens : Michel Leiris et Vance Lowry, René Crevel et Eugene McCown, Cocteau et Dan Parrish, Maurice Sachs et Snakehips, Shakespeare, Céline, Louis Armstrong, Georges Perec, Mac Orlan, Alain-René Lesage, Paul Whiteman, Pierre Reverdy, Mazie Mullins, Duke Ellington, Jean Vilar, Johnny Hudgins, Beckett ou Bechet.

Quel rôle le carrosse a-t-il joué dans la naissance de la littérature européenne moderne ? La question peut paraître surprenante, mais dans la plupart des chefs-d'oeuvre littéraires de l'époque moderne circulent sans arrêt des berlines, turgolines, calèches, fiacres voire « mylords », « désobligeantes » et autres « diables ». Tous ces carrosses offrent des refuges à des conversations publiques ou à des méditations solitaires, à des regards qui se croisent et à des jambes qui s'effleurent, et aussi à des rencontres fortuites, des attaques de brigands, des fuites de monastère, à des étalements de luxe et à une perception mobile de la nature. Mais au sein de cette extraordinaire variété d'usages, apparaît un principe commun : en effet, lorsqu'il est question des voitures à chevaux surgissent sans cesse des termes qui renvoient à l'inattendu, l'accidentel, l'imprévu. Le rôle majeur du carrosse en littérature est alors de donner une image du hasard, et sa fonction profonde d'intégrer et d'attribuer du sens aux aléas de la vie. De Furetière et son Roman bourgeois jusqu'à Proust et Musil en passant, entre autres, par Marivaux, Sterne, Goethe, Nerval, Balzac, Gogol, Flaubert et Tolstoï, cette histoire carrossière parcourt l'Europe au fil de l'exploration littéraire de la place incertaine de l'homme dans un monde empli de doutes mais aussi riche de promesses. Carsten Meiner, après des études de littérature comparée à l'Université de Copenhague, a obtenu son doctorat en philosophie de l'Université de Paris VIII. Chercheur à l'Université de Copenhague, spécialiste de littérature européenne, il est directeur du réseau de recherche danois Classicisme et Lumières. Il a publié notamment Les mutations de la clarté. Induction, exemples et schématismes dans l'oeuvre de Marivaux (Honoré de Champion, Paris, 2007).

L'historien commente la légende du Kraken et les écrits qui le prennent pour thème. A travers les réinterprétations littéraires de cet animal fabuleux, du poème d'Alfred Tennyson à Vingt mille lieux sous les mers, il développe une réflexion sur le rapport à l'inconnu et la puissance de l'imaginaire. ©Electre 2015

Etude et analyse des films Harry Potter à travers les conceptions morales et politiques qui y sont implicites.

C'est le texte qui fait silence, c'est l'écriture qui se raconte dans l'au-delà des mots. Le présent livre n'est donc pas une biographie, mais une "thanatographologie" et, très exactement, une analyse des structures narratives de l'innommable. ©Electre 2018

Antonio Dominguez Leiva est maître de conférences en littérature comparée à l'Université de Bourgogne. Il est l'auteur de Laberinto imaginario de Jan Potocki (UNED/Visor). Il prépare actuellement un essai sur La vie comme songe, du chamanisme à Matrix.

Proche du grotesque ou d'une farce qui tournerait court, la blague est-elle triste? Selon l'analyse détaillée, à partir d'exemples, de Nathalie Preiss, la blague remet en cause la représentation fondée sur la ressemblance, elle invite à passer du désenchantement du monde au ravissement de l'art.

Le "voyage d'Italie" est l'un des grands thèmes de la culture européenne, créant de la Renaissance à nos jours une géographie symbolique de foyers italiens avec leurs réseaux à travers toute l'Europe. Il thématise pour chaque période les principes de son esthétique.

A la Renaissance, époque joyeuse, s'élabore une théorie du rire, oeuvre surtout des médecins. Aidés par les philosophes, ils découvrent sa complexité. Mais le rire possède pour eux quelque chose de démesuré, lié à certaines formes de culture populaire. Rire, oui, mais à condition que la raison puisse se servir du rire.

Extr. de la préf. ; "Entreprendre une enquête sur l'idée d'énergie dans la littérature et la pensée françaises de 1770 à 1820, c'est se heurter d'emblée à un double problème. Existe-t-il une idée d'énergie, couvrant les diverses valeurs prises par le terme ? Si le statut scientifique de l'énergie peut être déféni a posteriori, qu'en est-il dans les domaines philosophique, moral ou littéraire ? Qu'y a-t-il de commun entre ces développements sur l'énergie de la langue, de la matière et de l'âme ?"

Essai d'un jeune romancier, qui cherche à cerner les causes et la signification de la place de l'alcool dans les oeuvres littéraires depuis le milieu du XIXe siècle. Tout public. (Livres hebdo : livres du mois, 7-8, 2001)

L'ailleurs est interrogé ici à la fois à travers les récits d'écrivains modernes (de Loti, Conrad ou Malraux aux auteurs francophones récents) et à partir des enseignements du comparatisme, de l'histoire des idées et de l'histoire culturelle. Au croisement de ces diverses approches peut se dessiner une réflexion sur les relations de l'Europe lettrée aux autres civilisations.

Une exploration des expériences de chute et des représentations de la chute à travers la lecture d'un certain nombre de textes littéraires : de l'accident de cheval raconté par Montaigne dans les Essais jusqu'au faux pas de Michaux dans Bras cassé. L'histoire des chutes est en relation avec celle des poétiques ou des métaphysiques construites autour de la chute.

A travers l'étude de l'oeuvre musilienne sous l'angle de la question anthropologique, on voit se dessiner la figure d'un écrivain très attentif aux controverses idéologiques ainsi qu'à l'évolution politique de l'Europe des années vingt et trente. la réponse de Musil à ce qu'il perçoit comme un crise de l'homme européen se fonde sur une écriture littéraire nourrie d'une vaste culture scientifique.

A travers des textes de Giono, Gautier, Gracq, l'auteur cherche à démontrer comment l'écriture envahit non seulement les profondeurs du texte littéraire, mais le conditionne à occuper à son tour sous une forme nouvelle l'esprit du lecteur, qui consiste à vampiriser un texte au point de se l'approprier.

Alain Montandon, agrégé de philosophie, est professeur de littérature générale et comparée à l'université Blaise-Pascal et membre de l'Institut universitaire de France. Il a dirigé plus d'une trentaine d'ouvrages collectifs, dont le Dictionnaire raisonné de la politesse et du savoir-vivre (Le Seuil, 1995), le Livre de l'hospitalité, accueil de l'étranger dans l'histoire et les cultures (Bayard, 2004). Il est également l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Sociopoétique de la promenade (Presses universitaires Blaise-Pascal, 2000).

La civilisation industrielle, ses objets et ses expériences sont au coeur de l'effort intellectuel et poétique par lequel le XIXe siècle pense son acte de naissance. La participation de Hugo à cet effort collectif vaut comme doctrine et comme expérimentation.