Cet album développe une première approche enthousiasmante de la musique pour violoncelle du XVIIIe siècle, bien que son histoire attend encore d'être écrite ! Ce violoncelliste indispensable interprète ici une large sélection de pièces jouées en Espagne durant l'enfance de l'instrument. La passion pour l'instrument était si vive que de nombreux compositeurs ainsi que des virtuoses étrangers vinrent en Espagne pour y montrer leurs talents et, certains, pour y vivre, comme Luigi Boccherini ou Domingo Porretti (dont un concerto pour violoncelle est inclus dans le CD) et des oeuvres uniques de Pablo Vidal ou de José Zayas, dont plusieurs constituent une première au disque.

Cet album est largement inspiré par la B.O.F du film Birdman, composée par Antonio Sanchez, et qui a révélé le batteur de Pat Metheny au grand public. Cette Meridian suite d'une heure s'inspire de la continuité sans heurt de la bande originale du film. Avec des leitmotivs récurrents qui se transforment et se régénèrent tout au long de l'enregistrement, le méxicain a composé cette suite en gardant ses collaborateurs réguliers à l'esprit : Seamus Blake au saxophone ténor et à l'EWI (electronic wind instrument), John Escreet au piano acoustique et au Fender Rhodes, et Matt Brewer à la contrebasse et basse électrique. Adam Rogers intervient à la guitare, ainsi que la femme du batteur au chant, Thana Alexa. Ces compositions post-jazz, qui rappellent par moment la musique de Pat Metheny, empruntent au rock, au free jazz, à la musique électronique mais aussi à l'improvisation libre.

Le trompettiste Nicolas Folmer refuse catégoriquement de se laisser enfermer dans un certain type de jazz. Après le Paris Jazz Big Band, No Jazz, Michel Legrand, Bob Mintzer et ses deux derniers albums en compagnie de Daniel Humair avec Michel Portal et Dave Liebman en invités, on le retrouve à nouveau là où on ne l'attendait pas avec Horny Tonky. Ainsi, cet album le voit explorer un créneau plus funk que jamais avec des titres que n'auraient pas renié les Headhunters d'Herbie Hancock. La plupart des morceaux de l'album déploient une énergie très rock, les thèmes sont toujours enlevés, et certaines parties de guitares grondantes pourraient même séduire les fans des groupes de funkcore des années 90, comme Fishbone ou Living Colour.

Compositeur injustement oublié, Gabriel Dupont laisse pourtant deux grands cycles pour piano et un somptueux quintette pour cordes et piano. Mort à 36 ans en 1914, il est le représentant du dernier romantisme français. Lyrique et inspirée, sa musique chante la nature, la mer, le vent, la pluie. Depuis longtemps, Marie-Catherine Girod défend, avec passion et emportement, le répertoire méconnu et oublié du piano. On lui doit d'ailleurs le premier enregistrement mondial de La Maison dans les dunes de Gabriel Dupont en 1997. Enregistré dans la ville du célèbre Quatuor Prazak, à Prague, sur un piano Petrov dont les sonorités feutrées conviennent parfaitement à l'univers mélancolique et "proustien" du compositeur, ce disque prouve une fois de plus que Gabriel Dupont est un compositeur qu'il faut absolument redécouvrir. (Electre)