Au fil du temps, le souvenir du virtuose génial que fut Eugène Ysae a fini par supplanter dans la mémoire collective sa qualité de compositeur. Il convient cependant de rappeler qu'il a créé, au travers de ses poèmes pour instruments à cordes, un genre foncièrement nouveau et original, se distinguant par une science de l'écriture et une richesse harmonique éloignées des mérites purement virtuoses de ses compositions du début. Aussi, ces poèmes valent-ils vraiment la peine d'être redécouverts. D'une certaine façon, ils peuvent être considérés comme une sorte de chainon reliant les traditions esthétiques germanique et française, une union du romantisme germanique et de l'impressionnisme français. Pour la seconde fois, le chef français Jean- Jacques Kantorow, très grand connaisseur d'Ysae, dirige l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège et les solistes Svetlin Roussev et Amaury Coeytaux dans des poèmes pour violon et orchestre. (Electre)

Pour la première fois, un violoniste français rejoint la prestigieuse lignée des solistes de l'dition Vivaldi. Le violoniste Julien Chauvin et son Concert de la Loge, fondé en 2015 sur le modèle de l'un des plus fameux dans l'Europe de la fin du XVIIe siècle, dévoilent tous les charmes d'une musique concertante inventive et foisonnante avec l'instrument roi de Vivaldi. Les affinités du répertoire instrumental avec la scène lyrique, constantes chez le compositeur vénitien, sont ici particulièrement mises en lumière par le choix de ces opus. (Electre)

C'est l'oeuvre d'un "classique" du XXe siècle, le Kammerkonzert pour clarinette, quatuor à cordes et orchestre à cordes de Karl Amadeus Hartmann (1930) que Jean-Luc Votano, clarinette solo de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège, enregistre ici avec deux compositions du XXIe siècle : le Concerto pour clarinette de Magnus Lindberg dont il avait assuré la création belge avec l'OPRL et Fantasme - Cercles de Mana de Johan Farjot. Cette composition pour clarinette, alto, violoncelle et orchestre apparaît ici en création mondiale au disque avant d'être présentée au public dans les salles de concert. Un album à la mesure de la virtuosité et de la musicalité de l'un des solistes de l'OPRL. (Electre)

La production de musique de chambre de Rachmaninov est rare mais ô combien précieuse ! En témoignent deux perles absolues, ces Trios élégiaques qui furent l'oeuvre d'un compositeur jeune, incontestablement marqué par l'influence de Tchaïkovski. Mais tout Rachmaninov est déjà là, qui atteint ici des sommets d'émotion et d'expressivité. Les pièces de Suk et de Grieg complètent avantageusement ce tableau construit à l'aide d'une palette exceptionnelle : la geste du phénoménal Trio Wanderer ! (Electre)

Répondant à la commande du comte de Troyer qui souhaitait une oeuvre calquée sur le modèle du fameux Septuor op. 20 de Beethoven, Schubert, bien que fervent admirateur du compositeur, s'en démarqua résolument en livrant un... Octuor ; si l'effectif élargi lui frayait un chemin vers l'écriture symphonique, la forme et l'expression révèlent une oeuvre bien plus aboutie et personnelle que tout ce qu'on a pu écrire sur le sujet. Isabelle Faust et ses partenaires, tombés sous le charme de cette partition en tout point exceptionnelle, nous en proposent une nouvelle lecture sur instruments d'époque. (Electre)

L'aventure commence en 2012, lorsque Gilles Ledure, directeur de Flagey, propose à Lorenzo Gatto et Julien Libeer de présenter l'intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven. Pour les deux artistes, le compositeur "est peut-être le premier musicien de notre histoire à avoir incarné, dans la musique, comme dans sa vie, les valeurs des Lumières". Ces monuments d'architectures et d'expression ne les quittant plus, ils décident de commencer à les enregistrer. Voici trois sonates captées dans la mythique Chaux-de-Fonds en Suisse, dont la célèbre Sonate à Kreutzer. Après son concerto pour violon et orchestre de Beethoven, Lorenzo Gatto s'impose comme l'un des jeunes solistes qui comptent sur la scène internationale. (Electre)

Le bon répertoire au bon moment de sa carrière : toujours au sommet de son art à l'âge de 72 ans, Nelson Freire sert la musique de Brahms avec une couleur et imagination sans égal. Le récital dresse un portrait du compositeur à travers son ouvre pour piano solo, culminant dans une sélection des célèbres derniers intermezzi. (Electre)

Sur ce premier album, le pianiste et compositeur hollandais a dépouillé sa musique, utilisant de simples sons pour exprimer, dans un vocabulaire néo-classique, des émotions complexes. Le disque renvoie à l'idée philosophique que la réalité existe seulement dans un esprit. Tout ce qui en est extérieur, le monde extérieur et les esprits des autres, ne peut pas vraiment être connu et n'existe donc pas. Sa musique est une expérience de communication existentielle, une croyance en une esthétique absolue, pour prouver qu'il existe une réalité universelle et métaphysique. Enregistré chez lui, dans le calme de la nuit, l'album est une collection de compositions introspectives et cinématographiques. (Electre)

Suite de la fresque mystique comprenant les opus In search of the miraculous, The goddess et At the gates of paradise, The mockingbird est le sixième volet du Gnostic trio. Les huit nouveaux préludes (interprétés à la guitare, à la harpe et au vibraphone) caractérisant le genre impressionniste qu'affectionne depuis quelque temps Zorn distillent une fragrance délicatement folk et s'inspirent du personnage de Scout du roman d'Harper Lee, To kill a mockingbird (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur). Interprétation sensible et distinguée par trois des collaborateurs les plus émérites de Zorn. (Electre)

Aeolus poursuit sa coopération fructueuse avec l'organiste et claveciniste néerlandais Léon Berben par un album consacré à la musique de Melchior Schildt. Ce SACD est dans un double sens lié à l'enregistrement intégral des oeuvres pour clavier de Jan Pieterszoon Sweelinck (Diapason d'Or en Avril 2015) réalisé par Berben : tout d'abord, parce que le compositeur Schildt a manifestement été un élève de Sweelinck, d'autre part, puisque l'artiste a choisi à nouveau le magnifique orgue mésotonique (1624) de Hans Scherer le Jeune à la St. Stephanuskirche de Tangermünde qui figurait déjà sur deux CDs de cette intégrale. Ici on pourra même se régaler de ses sonorités en qualité SACD multicanal surround ! (Electre)