Au fil du temps, le souvenir du virtuose génial que fut Eugène Ysae a fini par supplanter dans la mémoire collective sa qualité de compositeur. Il convient cependant de rappeler qu'il a créé, au travers de ses poèmes pour instruments à cordes, un genre foncièrement nouveau et original, se distinguant par une science de l'écriture et une richesse harmonique éloignées des mérites purement virtuoses de ses compositions du début. Aussi, ces poèmes valent-ils vraiment la peine d'être redécouverts. D'une certaine façon, ils peuvent être considérés comme une sorte de chainon reliant les traditions esthétiques germanique et française, une union du romantisme germanique et de l'impressionnisme français. Pour la seconde fois, le chef français Jean- Jacques Kantorow, très grand connaisseur d'Ysae, dirige l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège et les solistes Svetlin Roussev et Amaury Coeytaux dans des poèmes pour violon et orchestre. (Electre)

C'est l'oeuvre d'un "classique" du XXe siècle, le Kammerkonzert pour clarinette, quatuor à cordes et orchestre à cordes de Karl Amadeus Hartmann (1930) que Jean-Luc Votano, clarinette solo de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège, enregistre ici avec deux compositions du XXIe siècle : le Concerto pour clarinette de Magnus Lindberg dont il avait assuré la création belge avec l'OPRL et Fantasme - Cercles de Mana de Johan Farjot. Cette composition pour clarinette, alto, violoncelle et orchestre apparaît ici en création mondiale au disque avant d'être présentée au public dans les salles de concert. Un album à la mesure de la virtuosité et de la musicalité de l'un des solistes de l'OPRL. (Electre)

La production de musique de chambre de Rachmaninov est rare mais ô combien précieuse ! En témoignent deux perles absolues, ces Trios élégiaques qui furent l'oeuvre d'un compositeur jeune, incontestablement marqué par l'influence de Tchaïkovski. Mais tout Rachmaninov est déjà là, qui atteint ici des sommets d'émotion et d'expressivité. Les pièces de Suk et de Grieg complètent avantageusement ce tableau construit à l'aide d'une palette exceptionnelle : la geste du phénoménal Trio Wanderer ! (Electre)

(Electre)

Sur ce premier album, le pianiste et compositeur hollandais a dépouillé sa musique, utilisant de simples sons pour exprimer, dans un vocabulaire néo-classique, des émotions complexes. Le disque renvoie à l'idée philosophique que la réalité existe seulement dans un esprit. Tout ce qui en est extérieur, le monde extérieur et les esprits des autres, ne peut pas vraiment être connu et n'existe donc pas. Sa musique est une expérience de communication existentielle, une croyance en une esthétique absolue, pour prouver qu'il existe une réalité universelle et métaphysique. Enregistré chez lui, dans le calme de la nuit, l'album est une collection de compositions introspectives et cinématographiques. (Electre)

En cette année du bicentenaire de la naissance d'Adolphe Sax, Ricercar, catalogue au service de la connaissance des instruments de musique, ne pouvait se passer d'une réalisation qui rend hommage au génial inventeur du saxophone. Deux volets très contrastés évoquent le nouvel instrument. D'une part, le répertoire original qui fleurit à Paris dans les années qui suivent le dépôt du brevet d'invention, d'autre part le genre musical (Sax n'aurait jamais pu imaginer cela !) qui a finalement donné à l'instrument (et sa famille) ses lettres de noblesse : le jazz. Comme d'habitude chez Ricercar, le livret d'accompagnement est très soigné.

Suite de la fresque mystique comprenant les opus In search of the miraculous, The goddess et At the gates of paradise, The mockingbird est le sixième volet du Gnostic trio. Les huit nouveaux préludes (interprétés à la guitare, à la harpe et au vibraphone) caractérisant le genre impressionniste qu'affectionne depuis quelque temps Zorn distillent une fragrance délicatement folk et s'inspirent du personnage de Scout du roman d'Harper Lee, To kill a mockingbird (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur). Interprétation sensible et distinguée par trois des collaborateurs les plus émérites de Zorn. (Electre)

Aeolus poursuit sa coopération fructueuse avec l'organiste et claveciniste néerlandais Léon Berben par un album consacré à la musique de Melchior Schildt. Ce SACD est dans un double sens lié à l'enregistrement intégral des oeuvres pour clavier de Jan Pieterszoon Sweelinck (Diapason d'Or en Avril 2015) réalisé par Berben : tout d'abord, parce que le compositeur Schildt a manifestement été un élève de Sweelinck, d'autre part, puisque l'artiste a choisi à nouveau le magnifique orgue mésotonique (1624) de Hans Scherer le Jeune à la St. Stephanuskirche de Tangermünde qui figurait déjà sur deux CDs de cette intégrale. Ici on pourra même se régaler de ses sonorités en qualité SACD multicanal surround ! (Electre)

Cet album de Kieran Hebden sort sur son propre label Text Records et fait suite à Beautiful rewind de 2013. Ayant débuté sa carrière solo en 1998, après avoir quitté le groupe post-rock Fridge, le DJ et producteur britannique se fait vite repérer comme l'un des piliers de l'electro avec son premier album Dialogue sur Output Recordings en 1999. Il sortira par la suite quatre longs formats sur Domino Records, avant de créer Text Record sur lequel paraît l'album Pink en 2012. Il offre ici un opus comprenant deux morceaux d'une vingtaine de minutes chacun. (Electre)

S'ils jouent bien sur de véritables instruments, les membres de GoGo Penguin s'inspirent indéniablement des différents courants de la musique électronique, leur amour pour les bips de jeux d'arcade, les motifs rythmiques les plus surprenants, les mélodies hypnotiques à la Aphex Twin et les lignes de basses puissantes transparaissant à tout moment dans leur musique. Leur manière inimitable de mélanger thèmes de piano minimalistes, lignes de basse puissantes et parties de batteries sous influence electro leur a notamment valu d'être nommé au Mercury Prize et de séduire tant le public de Manchester que ceux de Montréal, Paris ou Londres. (Electre)

"A travers ces huit instrumentaux, j'ai eu envie de voyager entre la funk music à la française, le free jazz, la pop, l'afro beat, les musiques de films érotiques et d'horreur. J'y raconte mon parcours de vie à travers ces dernières années, qui fut haut en couleurs, passant tout près de la mort, pour finalement réussir à donner la vie alors que tout espoir semblait perdu. Ces nouvelles compositions traduisent plus que jamais mon envie de faire fusionner les genres et les sons. L'orchestre lui-même est composé de trois groupes de musicien(ne)s : une section rythmique (clavinet-orgue, guitare, guitare basse, et batterie), 4 cuivres et vents (trompette, trombone, deux saxophones) et un quatuor à cordes." Fred Pallem (Electre)

La Révélation Jazz aux Victoires de la Musique de l'année est le parangon de sa génération sans complexe. Plus de catégories, plus de clans, primauté donnée au son et au plaisir, avec son nouveau duo (keys & drums !), le claviériste convoque la fine fleur des batteurs hexagonaux. Sans se démonter il convoque sur le même morceau André Cecarelli, figure tutélaire du swing français et Cyril Atef, le trublion de la batterie (et de Bumcello)... et ca marche ! Un disque "toutes oreilles" qui ne laissera pas indifférent et devrait se frayer un joli petit chemin dans le sillage du phénomène Snarky Puppy. (Electre)

Cinéma d'Oscar - tel pourrait être le titre de ce disque avec lequel les Cordes de l'Académie de Sainte Cécile (Archi di Santa Cecilia) dirigé par Luigi Piovano - premier violoncelle de l'Orchestre de l'Académie Nationale de Sainte Cécile et depuis plusieurs années, très apprécié également comme chef d'orchestre - débutent leur collaboration avec Arcana après deux enregistrements pour Eloquentia parus en 2014 et 2015. Nino Rota, Ennio Morricone et Nicola Piovani sont, en effet, trois compositeurs italiens qui ont obtenu les plus hautes récompenses de la cérémonie des Oscars américains. Mais ce CD va plus loin. A côté de quelques-unes de leurs plus célèbres thèmes se trouvent des oeuvres créées par ces trois monstres sacrés pour l'exécution de concert. Bien qu'ils aient concentré leur travail sur le cinéma, Rota, Morricone et Piovani restent, avant tout, compositeurs et leur activité n'exclut pas un versant créatif autonome et engagé. (Electre)

Neuvième et dernier opus de la saga Star Wars,The rise of Skywalker nous transporte dans l'univers des films mythiques après Le Réveil de la Force en 2015 et Les Derniers Jedi en 2017. Toujours mis en musique par John Williams. (Electre)

Stéphan Oliva avait marqué les esprits avec son premier trio en compagnie de Claude Tchamitchian et Jean-Pierre Jullian puis avec son trio mémorable composé du légendaire batteur americain Paul Motian et du contrebassiste Bruno Chevillon. Le désir de revenir à sa formule de prédilection s'est concretisé avec la formation de ce trio collectif en mai 2016 lors d'un concert-création à l'Europa Jazz Festival du Mans. Accompagné par Sebastien Boisseau l'un des contrebassistes les plus actifs de la scène jazz européenne et du batteur New-Yorkais Tom Rainey, Stéphan Oliva poursuit son oeuvre du trio. (Electre)

Max et Glenn sont avant tout des amoureux de la musique : que ce soit en jouer, en faire, en parler, la dénicher, la musique coule dans leurs veines. Pas soucieux d'appartenir à un mouvement quelconque, on pourrait décrire leur style comme old school. Mettez les derrière des platines, ils balanceront un set mixant jazz, funk et hip hop en passant par la soul et le disco (le coeur et la fondation de leur son) et feront probablement danser toute la salle au rythme d'un sombre jazz funk polonais. Enfermez les dans un studio tous les deux et laissez-vous emporter par le swing quand l'enceinte crache une de leur prod. Le duo se délecte lorsqu'il explore les mid tempos, et le groove suave qui sort de leur MPC et se niche parfaitement au milieu des pépites vinyles qui habitent leur dj set. (Electre)

J'accuse (Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise), le film de Roman Polanski, se penche sur un fait majeur de notre histoire, l'affaire Dreyfus, mais du point de vue du Colonel Picquart à l'origine de son arrestation et de l'enquête qui a permis de trouver le vrai coupable. Avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric. La musique du film est signée par Alexandre Desplat, le compositeur français lauréat de deux Oscars et l'un des plus dignes héritiers des maîtres français de la musique de film. (Electre)

La musique est inspirée, façonnée et développée par les lieux où elle est. Et c'est là que réside le stimulant créatif que le producteur Siggi Loch donne à Julian et Roman Wasserfuhr : sa recherche continuelle de nouveaux contextes pour leur jeu leur ouvre des perspectives musicales jusqu'alors inimaginables. Après leur voyage musical en Suède en 2009, à Brooklyn en 2017, les frères se sont rendus sur la côte ouest de l'Irlande et au Lettercollum Studio de John Fitzgerald à Cork. Et pour la première fois, ils sont rejoints par le violoncelliste Jörg. Relaxin' in Ireland est un aperçu très personnel de l'île d'émeraude à travers le langage de la musique, il raconte comment les environs de West Cork ont ensorcelé le trio au moment de leur création musicale. (Electre)

Mozart n'a pas encore atteint les quinze ans lorsqu'il commence à composer des concertos pour violon destinés à servir de toile de fond aux réceptions salzbourgeoises... Pourtant, le jeune Konzertmeister ne va cesser d'y distiller des preuves de plus en plus tangibles de ses velléités d'indépendance : remise en question des formes, détournement des genres, humour et frivolité sont un programme d'une intégrale abordée avec une égale gourmandise par Isabelle Faust et les musiciens d'Il Giardino Armonico qui signent ici leur première collaboration. (Electre)

Le groupe, formé en 1999 à Austin, met son don pour les dynamiques musicales et les textures de sons au service de cet album sauvage où coexistent en harmonie shoegaze, expérimentations électroniques, noise, punk, dub et folk ! Co-produit avec John Congleton, un de leurs collaborateurs de longue date, on retrouve dans la curieuse beauté de cet album l'ambiance progressive des débuts de Peter Gabriel, le romantisme triomphant de The Cure, et les périodes les plus mélancoliques de Fleetwood Mac ! (Electre)