En 1940, Margarete Buber-Neumann est internée au camp de Ravensbrück où elle survivra jusqu'en avril 1945. C'est dans ce camp qu'elle rencontre Milena Jesenskà, dont elle veillera l'agonie sur une paillasse de l'infirmerie en mai 1944, et à qui elle consacrera une admirable biographie, Milena. A la sortie du camp, épuisée, enfin libre, elle entreprend un extraordinaire périple à travers l'Allemagne exsangue. La précision du témoignage sur Ravensbrück a fait de ce livre un document capital sur la déportation, second volet de son ouvrage Prisonnière de Staline et de Hitler.

Margarete Buber-Neumann, femme d'un des leaders du communisme allemand, fut déportée en Sibérie, après avoir émigré à Moscou en 1937. Elle fut livrée ensuite à Hitler, après la signature du pacte germano-soviétique. Dans ce livre, ce n'est pas d'elle qu'elle parle, elle témoigne de la vie de et pour Milena Jesenska,femme tchècoslovaque, l'amie de Kafka, qu'elle rencontre dans le camp de Ravensbrück et qui y est morte. Milena, femme d'exception dans une situation d'exception, rend l'enfer du camp de concentration nazie un tout petit peu humain, elle réussit parfois à fléchir la volonté inflexible des nazis, réconforte Margarete (et d'autres) avec quelques provisions qu'elle se procure par miracle, elle n'est jamais à court d'énergie ni de ressources, au point de donner l'impression de surnager, de voler au-dessus de l'horreur. Ce récit est celui d'une héroïne qui, là où les mots n'ont plus de sens, sait trouver les mots qu'il fallait, qui, là où aucune règle ne peut être opposée à l'arbitraire individuelle, sait opposer la résistance de la conscience et triompher parfois miraculeusement, qui, là où la déshumanisation commande de ne penser qu'à soi, sait rester humaine, ... jusqu'au bout.

Réflexion sur la soif de la société contemporaine à consommer de la culture et sur ce que l'auteur appelle démocratie culturelle. Il observe un désintérêt général de la politique au profit de la culture et en analyse les conséquences.