Nous avions quitté Yann Gozlan dans un avion, "Boîte noire" restant un modèle de thriller aéronautique. Et nous le retrouvons dans un avion, son héroïne, incarnée par Diane Kruger étant pilote de son état. Mais si le film joue une nouvelle fois avec nos nerfs et nous entraîne dans des affres délicieuses, la forme est assez différente de celle de "Boîte noire", dont la quête de sens était somme toute assez balisée (louchant vers le magnifique "Blow out" de De Palma).

Une foultitude de films nous ont fait visiter les coulisses d'un tournage, partager les affres d'un cinéaste en proie au doute ou à l’incompréhension de ses comédiens. Nombreuses également sont les oeuvres qui nous ont fait entrer dans les loges d'un théâtre au moment où le rideau va être levé pour vibrer à l'unisson de ceux qui s'apprêtent à monter sur scène. Et nous ne dirons rien de ces innombrables films mettant en scène un peintre, ses pinceaux à la main, face à son inspiration. Ce sont des moments magiques.

C'est peu de dire que "Le Règne animal" a impressionné les festivaliers lord du dernier raout cannois, le fantastique n'ayant pas souvent les honneurs de La Croisette, a fortiori quand il porte les couleurs nationales. Le film de Thomas Cailley a d'autant plus surpris (et séduit) qu'il mélange les genres avec allégresse, et que sous couvert de parler de monstruosité, il nous renvoie évidemment un reflet de nous-mêmes et du monde inquiétant dans lequel nous nous enfonçons chaque jour un peu plus. Le film possède au final toutes les qualités.

A l'annonce d'un film ayant "Bernadette" pour titre, tout le monde a immédiatement pensé à la jeune fille de Lourdes ayant aperçu la Vierge plusieurs reprises en l'an de grâce 1858. Avant de réaliser que c'était d'une autre Bernadette qu'il s'agissait, ayant, sans jamais flancher, fréquenté l'Élysée douze ans durant, dans l'ombre d'un mari charismatique mais un rien impétueux (et volage). Ce qui tenait sans doute tout autant du miracle. Le film ne cache pas que Bernadette Chirac a longtemps conservé une image désastreuse, cassante, glaciale.

Sommaire. Entretien avec Claude Miller. A propos de "La Petite Lili". Sur le plateau, en compagnie de la scripte. Entretiens avec Robinson Stévenin et Ludivine Sagnier, comédiens, avec Gérard de Battista, directeur de la photo, avec Annie Glenn Miller, productrice, et avec Luc Béraud et Bernard Stora. Claude Miller de A à Z. Entretien avec Olivier Curchod sur Claude Miller et les livres des autres. Sur l'ouvrage d'Olivier Curchod consacré à Claude Miller. 1909-2023 : un long siècle de cinéma tchékhovien. Revue de presse de "La Petite Lili". Le film vu par Claude Desportes.

Si ses films ne traitent pas uniquement de peinture, loin de là, Martin Provost restera sans doute longtemps comme étant le signataire de "Séraphine", portrait de Séraphine de Senlis (1864-1942), une femme peintre dont l'oeuvre est rattachée à l'art naïf. Incarnée à l'écran par Yolande Moreau, l'artiste était lors de la sortie du film en 2008 sortie d'un relatif oubli. Avec "Bonnard, Pierre et Marthe" le cinéaste ressort ses pinceaux...

C'est vraiment l'année Cédric Kahn ! Après le succès public et critique du "Procès Goldman" voici donc quelques mois plus tard un "Making of" qui a priori n'entretient que peu de rapport avec son prédécesseur, si ce n'est son indéniable réussite. Mais "Making of" a été tourné avant...

Ce n'est pas la première incursion de Fernando Trueba, par ailleurs l'un des plus grands cinéastes de l'Espagne contemporaine, dans le domaine de l'animation. "Chico et Rita" (2010) a laissé de très bons souvenirs... Mais si "They shot the piano player" reprend l'esthétique colorée et réaliste de "Chico et Rita", ainsi bien sûr que son amour des musiques latino-américaines, le film est un véritable OVNI cinématographique...

Ceux qui se souvjennent de "La Famille Bélier" (ils sont nombreux, le film avait été un carton) ne peuvent que louer le savoir-faire d'Eric Lartigau, mais peut-être aussi pointer certaines facilités, le "feelgood movie" est un genre par essence trop consensuel pour satisfaire tout le monde (paradoxe). Avec "Cet été-là", c'est encore l'adolescence qui est en lumière, mais sur un ton diamétralement opposé, à travers le personnage d'une gamine saisie au moment où la grande bascule de l'adolescence se produit.

Ceux qui ont aimé "Mademoiselle", "Je vais bien ne t'en fais pas" ou "Welcome" (la liste n'est pas restrictive) recevront "16 Ans" comme une évidence. Celle d'un cinéaste qui fut ingénieur du son pendant de longues années avant de passer à la mise en scène, qui en a gardé une attention aiguisée au moindre soupir, à la moindre brisure dans la voix qui signale l'émotion, au moindre signe d'exaspération... Son cinéma est celui de la dentelle. Mais une dentelle qui n'est jamais revendiquée comme telle, une dentelle qui n'évacue pas l'âpreté, la douleur, le drame.

Il fallait sans doute une certaine dose d'inconscience, ou de courage, pour s'attaquer à une adaptation du "O Jérusalem" de Lapierre et Collins, qui conte par le détail les riches heures de la fondation d'Israël.

Moins célèbre que son compatriote Emir Kusturica, Goran Paskaljevic n'en construit pas moins une oeuvre des plus remarquables depuis quelque trente ans, récoltant régulièrement prix et distinctions dans les festivals.

Entre "Le Bleu des villes" et "Je ne suis pas là pour être aimé", Stéphane Brizé s'est livré à un exercice cinématographique qui est devenu exercice de style avant de se muer en film de cinéma.

Les romans de Bernard Werber sont un peu des OLNI (Objets littéraires non identifiés). Il n'est donc pas totalement incohérent que, passant à la mise en scène, son premier long métrage soit un OFNI (Objet filmique du même métal).

On ne dira jamais assez de bien du DVD. Certes c'est dans les salles qu'il faut voir les films. Mais tous les films ne passent pas en permanence, alors qu'une bonne vidéothèque offre un choix imcomparable.

Il va de soi que les films signés par des metteurs en scène ayant fait auparavant une carrière d'acteur ne saurait constituer une catégorie en soi. Pour ne parler que de cinéastes en activité et sans même quitter la France, quoi de commun entre Nicole Garcia, Guillaume Canet, Gaël Morel ou Gérard Jugnot (par exemple) ?

C'est peu dire que l'itinéraire de Florent-Emilio Siri est atypique. Après un premier film très auteuriste, sans doute assez autobiographique, "Une minute de silence", il enchaîne par un pur film d'action, "Nid de guêpes", dont le savoir-faire est indéniable.

"Un Coeur invaincu" est adapté de l'oeuvre éponyme de Mariane Pearl, qui raconte au quotidien les quelques jours d'angoisse pendant lesquels elle a craint pour la vie de son mari, enlevé selon toute vraisemblance par des fondamentalistes musulmans.

"La Chambre des morts" est sans contexte l'un des films les plus passionnants de la saison, tant par sa facture que par les thèmes qu'il développe.

Il aura fallu plus de sept ans pour que Jacques Maillot fasse un petit frère à "Nos vies heureuses", pourtant sélectionné en son temps au Festival de Cannes et reconnu par la critique.

Situés dans des lieux et des contextes différents, les films de Laurent Cantet affichent pourtant une belle cohérence, celle d'un engagement humain que rien ne vient jamais troubler. Si ce n'est que ses personnages sont le plus souvent en ébullition, se débattant devant difficultés et périls de toutes sortes. On parle beaucoup dans les films de Laurent Cantet, car la parole est libératrice, qui permet de poser les questions qui fâchent et de dénouer les conflits. Ou pas, tant elle peut également être meurtrière.

Raoul Peck, président de la FEMIS à Paris depuis 2010, ancien ministre de la Culture d'Haïti, est surtout cinéaste, auteur récemment d'un excellent portrait de James Baldwin, "I am not your negro".

Il est de tradition de ne pas rendre compte dans une revue ou un journal des ouvrages signés par un collaborateur. C'est le prix de l'objectivité. Que l'on nous permette de faire une exception (en réalité, c'est la seconde fois, puisque nous avions il y a peu rendu compte du superbe album de Gérard et Julien Camy sur le sport au cinéma) tant la bio de Jean Rochefort par Jean-Philippe Guerand nous semble incontournable. Au travers des 600 pages (dont 500 de texte , un texte dense) du livre, c'est évidemment un destin hors du commun qu'il nous est donné de revisiter.

Les cinéastes sont parfois confrontés au syndrome de l'arroseur arrosé : des biopics les concernant directement commencent à voir le jour. Mais plutôt de l'autre côté de l'Atlantique... Pour ce qui est du cinéma français, Jean-Luc Godard semblait incontournable. Parce que cet homme a construit, parfois à son insu, parfois en connaissance de cause, son propre mythe.

Le palmarès du dernier Festival de Cannes en a surpris plus d'un. Tout le monde ne donnait pas "120 battements par minute" gagnant, mais ses thuriféraires étaient néanmoins nombreux. Et pour cause, le film accompagne des personnages qui jamais n'essayent de jouer au plus malin avec nous, dans leur déchéance. Il revient sur les années où le sida faisait des ravages effrayants au sein de la communauté homosexuelle.

Les histoires d'amour (qui finissent mal en général si l'on en croit le titre du premier film d'Anne Fontaine) concernent au sens large et chaque année une portion importante de la production cinématographique. Mais pour un film qui nous fait réellement battre le coeur, combien de comédies formatées dont on sait tous les rebondissements dès les dix premières minutes ?

Il y a quelques mois, Jean-Pierre Bacri faisait feu de tout bois dans "Le Sens de la fête", le petit dernier du tandem Toledano / Nakache. Il y incarnait le patron d'une boîte d'évenementiel chargé du bon déroulement d'un mariage un peu huppé. "Place publique" se déroule également presque exclusivement dans le cadre d'une fête, en l'occurrence une pendaison de crémaillère. Où Jean-Pierre Bacri prête ses traits à un animateur radio sur le déclin. Et c'est justement son statut que le film va interroger, entre autre.

Les histoires d'amour (qui finissent mal en général si l'on en croit le titre du premier film d'Anne Fontaine) concernent au sens large et chaque année une portion importante de la production cinématographique. Mais pour un film qui nous fait réellement battre le coeur, combien de comédies formatées dont on sait tous les rebondissements dès les dix premières minutes ?