Recep Tayyip Erdogan a un flair électoral bien développé et suit de près les mouvements de l'opinion par de fréquentes enquêtes. Au pouvoir depuis vingt-trois ans, il a gagné plus d'une dizaine d'élections (municipales, législatives et présidentielles) et trois référendums constitutionnels. Il a su se draper, lors de son long règne, dans sa légitimité d'"élu de la nation". Mais il semble qu'il ait perdu confiance dans sa capacité de gagner de nouveau une élection présidentielle à la loyale, notamment face à un candidat comme le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, politicien centriste et excellent communicant. Révélant sa faiblesse, il a décidé de mobiliser tous les moyens pour écarter son rival de la course. Le régime hyper-présidentiel entré en vigueur en 2017, à la suite d'un référendum entaché de graves irrégularités, lui fournit un large éventail de moyens légaux et illégaux. En autocrate averti, Erdogan est prêt à enfoncer le dernier clou sur le cercueil de la démocratie.