L'âge d'or de la pop baroque américaine - ou pop de chambre - s'étend de 1966 jusqu'au tournant des années 70. Elle utilise des quatuors à cordes, des clavecins et des bois pour créer une mélancolie estivale et automnale assez nouvelle et assez éloignée du rock'n'roll tel qu'Eddie Cochran l'aurait connu. Les musiciens de la pop baroque viennent souvent d'un milieu folk, avec une affinité pour l'instrumentation acoustique. Le premier groupe de Linda Ronstadt, les Stone Poneys, avait introduit l'autoharpe dans sa formation en 1965, tandis que des artistes comme Bonnie Dobson et Nico expérimentaient avec des quatuors à cordes, à la recherche de directions différentes, post-électriques, de Dylan. On peut remonter à Left Banke - qui a créé un son à la fois doux et triste - où étaient les guitares ! Leur guitariste Rick Brand a déclaré que leurs paroles étaient « écrites comme des fantaisies musicales plutôt conscientes de leur beauté, comme on en trouve dans la musique romantique de la fin du XVIIIe siècle, avant Beethoven ». Ils ont eu un énorme succès avec « Walk Away Renee » et ont effectivement inventé un genre avant de s'enflammer après un seul album. Le groupe dissident Montage a produit un album très rare et le chanteur Steve Martin Caro un single tout aussi rare - tous deux sont représentés sur « American Baroque ». Bien que le son baroque ait été rapidement mis au rebut par le retour aux sources de trios puissants comme Cream et Blue Cheer, de nombreux musiciens n'étaient pas encore prêts à abandonner les violoncelles et les clavecins. Certains groupes comme les Blades of Grass ont destiné leurs mélodies en tonalité mineure à un public précoce ou même préadolescent. Et d'autres comme Merry-Go-Round d'Emmit Rhodes, H.P. Lovecraft et Appaloosa ont tout simplement adoré la sensation des quatuors à cordes et des bois et ont continué à explorer davantage la pop orchestrale, jusqu'au début des années 70. Ce faisant, ils ont créé cette tapisserie de délices. Il n'y avait pas de modèle unique pour le son baroque américain - il pouvait être à la limite du gothique (l'extraordinaire « My Plan » de Russ Giguere de l'Association) ou aussi petit et précis qu'une boîte à musique (« Other Times » de Tom Northcott). Voici quelques-unes des musiques les plus profondément atmosphériques, originales et durables de la fin des années 60. Incroyablement, il s'agit de la première compilation de ce genre. Elle a été compilée par Bob Stanley de Saint Etienne et comprend un livret rempli de photos rares et d'éphémères, ainsi que des notes de pochette complètes et éclairantes.