Cela fait maintenant quelques années que la lecture des pages "Idées" de la presse a de quoi faire mentir ceux qui ont professé la disparition de l'"intellectuel organique", relégué au statut de relique du XXe siècle. Des articles ou portraits consacrés à Alexandre Douguine, idéologue du Kremlin, à Curtis Yarvin, ingénieur accélérationniste et figure de proue du trumpisme, ou encore à Nick Land, le philosophe anglais des "lumières sombres", ressort comme une prise de conscience : au fondement du succès politique des mouvements autoritaires et d'extrême droite, on découvre un véritable travail idéologique, qui porte aujourd'hui ses fruits. Ce sentiment se renforce du constat que ces figures, par-delà leur diversité, partagent de nombreuses références, donnant presque l'illusion d'un corpus cohérent : le juriste nazi Carl Schmitt, le contre-révolutionnaire et antisémite Charles Maurras, l'ésotériste et "superfasciste" italien Julius Evola - sans oublier Nietzsche ou Heidegger, dont les oeuvres sont restées des matrices inépuisables pour la pensée d'extrême droite. Sommaire. Introduction. La symphonie illibérale. Michel Onfray, le confusionnisme exemplaire. La double instrumentalisation du féminisme. La gauche à contretemps. La redéfinition du marché des intellectuels réactionnaires. Houelleberg, post-politique ? Maurras is back : les post-libéraux catholiques aux Etats-Unis et en France. Une anticipation du climat néoréactionnaire : retour sur une controverse.