Les |Fonds monétaires gardent l’avantage
Bulletin : Le| Nouvel économiste 27 juin 2025
27 juin 2025
Auteurs
Numéros de page :
pp.14-16
Les fonds monétaires, investis sur des titres de créances à très court terme, offrent des taux de rendement proches du taux directeur de la Banque centrale européenne. Après avoir été proches de zéro, voire négatifs pendant des années, ces taux ont augmenté lors de la poussée inflationniste de 2022-2023, atteignant jusqu’à 4 %. En mai 2025, ils se situent autour de 2,5 %. Ce produit, peu risqué, rémunérateur sur une courte période et doté d’une forte liquidité, est redevenu populaire, notamment en France, où il est considéré comme le produit monétaire de référence pour la gestion de trésorerie des entreprises et institutionnels. Les fonds monétaires permettent également une diversification des investissements.
Même avec la baisse des taux, les fonds monétaires restent attractifs pour les entreprises souhaitant placer leur trésorerie. Ils répondent rapidement et simplement aux besoins d’investissement en cash, sans préavis ni pénalité, et offrent une liquidité immédiate, un haut niveau de sécurité et une diversification du risque. Laisser la trésorerie sur un compte non rémunéré est jugé inapproprié, d’autant que les baisses de taux des fonds monétaires sont anticipables, les annonces de la BCE étant faites à l’avance. Tant que les taux ne sont pas négatifs, il est possible de placer 100 % de la trésorerie sur des fonds monétaires sans risque, avec des rendements générés quotidiennement.
Les fonds monétaires sont également plébiscités car ils répondent aux contraintes comptables des grandes entreprises. 95 % des placements dans les grandes entreprises se font dans des fonds monétaires ou des dépôts à terme à horizon trois mois, car ces placements doivent être qualifiés de “cash equivalent” selon les normes IFRS, ce qui permet de les soustraire de la dette brute dans le bilan comptable. Depuis la crise de 2008, ces fonds sont mieux encadrés et régulés, comme l’a démontré leur stabilité durant la pandémie.
Les flux dans les fonds monétaires ouverts sont largement positifs, atteignant 469 milliards d’euros fin juin 2024, selon l’AMF. Les atouts principaux des fonds monétaires sont leur forte liquidité, leur sécurité, la prévisibilité des évolutions des taux directeurs, la diversification des risques et leur statut de “cash equivalent”, ce qui les rend préférables aux dépôts à terme, fonds obligataires ou cryptomonnaies.
Pour des horizons d’investissement plus longs, d’autres produits plus rémunérateurs existent, mais avec une liquidité moindre. Le dépôt à terme permet de placer la trésorerie à un taux fixe sur trois à six mois, protégeant contre les baisses de taux, mais l’argent n’est récupérable qu’au bout d’environ un mois. Les comptes de dépôts bénéficient aussi de la classification “cash equivalent”. Les fonds de placement spécialisés (FPS), composés d’un panier d’actions ou de titres et d’un “Total Return Swap”, sont également éligibles au “cash equivalent” et se répandent dans le CAC 40. D’autres alternatives incluent les contrats de capitalisation et les opérations de prêts de titres.
Les fonds obligataires à court terme sont recommandés pour des placements d’au moins six mois, avec des performances de l’ordre de 4 à 5 % et un taux de défaut inférieur à 1 %. La liquidité reste importante, les fonds pouvant être récupérés sous un à trois jours. Cependant, les fonds obligataires ne sont pas classés “cash equivalent”, ce qui limite leur attrait pour les trésoriers d’entreprise, surtout dans un contexte de volatilité. Un fonds monétaire standard offre un rendement autour de 2,40 % en mai 2025.
Le choix du produit dépend du type de trésorerie à placer et de l’horizon d’investissement : le cash quotidien et opérationnel doit rester liquide, tandis que le cash stratégique peut viser un rendement plus élevé en acceptant une volatilité accrue. Les crypto-actifs n’attirent pas les entreprises, car ils sont jugés trop risqués et inadaptés aux besoins de trésorerie en Europe. Seulement 1 % des clients de certains courtiers ont manifesté un intérêt pour les cryptomonnaies, mais le sujet pourrait émerger avec une nouvelle génération de dirigeants. Amundi réfléchit à la tokenisation de certaines classes d’actifs pour répondre à une future demande, notamment des particuliers ou acteurs du Web3. Les placements plus risqués ou structurés sont surtout observés dans les petites entreprises familiales, moins contraintes par leurs investisseurs, alors que les grands groupes privilégient la sécurité.
Le label ISR (Investissement Socialement Responsable) a vu son référentiel renforcé en mars 2024 pour aligner les fonds labellisés sur les objectifs climatiques de l’accord de Paris. Début 2024, un fonds labellisé ISR sur deux n’était pas conforme aux nouvelles exigences, mais en mars 2025, une enquête Epsor a révélé une réduction de l’empreinte carbone moyenne des fonds ISR de 10 % en un an. Malgré cette amélioration, le rendement reste le critère principal pour les investisseurs, et le label ISR n’est pas le plus plébiscité. Certains acteurs jugent le label trop léger et préfèrent d’autres labels comme Finansol. L’intégration de critères ESG dans les solutions de trésorerie devient cependant un élément clé pour certains gestionnaires, comme Amundi, qui affirme respecter toutes les nouvelles réglementations.
Vivid, une plateforme financière dédiée aux indépendants, TPE et PME, a accueilli plus de 50 000 clients en Europe en un an. Elle propose des produits adaptés aux petites entreprises, comme le “Compte Intérêts”, une alternative flexible au compte à terme, sans montant minimum ou maximum, avec des fonds disponibles instantanément et des intérêts versés quotidiennement. Deux modes sont proposés : un mode à taux fixe pour placer la trésorerie dans des fonds monétaires qualifiés, et un mode orienté investissement avec trois profils de risque, offrant un rendement pouvant atteindre jusqu’à 5 % par an. Vivid propose également des services bancaires, de gestion de notes de frais et de comptabilité. Dès juillet 2025, Vivid offrira des services de cryptomonnaies réglementés dans l’Union européenne, incluant du crypto-trading et des produits à gestion passive.